À quoi ressemblera le commerce dans dix ans ?

Retour vers le futur ! En 2030…les packagings auront-ils disparu ? Disposerons-nous d’un droit individuel à consommer ? L’humain sera-t-il toujours indispensable ? Voici quelques-unes des projections révélées par l’étude « 2030 : Explorer le futur du retail ». En avril dernier Havas Paris a consulté les Français confinés. Touchés par la crise sanitaire, sans visibilité sur l’économie à long terme, comment perçoivent-ils le commerce à cet horizon ?

Vers un commerce responsable ? 

La situation actuelle voit augmenter la clientèle désireuse de consommer de manière plus engagée et responsable, sans sacrifier l’achat plaisir. « Dans dix ans, près de 8 Français sur 10 (77%) feront table rase des articles ne respectant pas l’environnement. Cette tendance de fond de plus en plus prégnante va entraîner la diminution, voire la suppression, de certaines catégories de produits dont l’impact écologique est jugé désastreux. C’est le cas de l’avocat, aliment star, désormais mis au ban (bilan carbone, consommation d’eau…). « Si le commerce ne sera pas totalement vertueux dans les années à venir, les retailers, et nous tous, devrons agir afin de réduire notre empreinte environnementale », explique Matthieu Loitron, Directeur des études de Havas Paris.

Vers une consommation (re)centrée sur l’essentiel ?

Cet insight conduira chacun, particuliers comme professionnels, à faire la chasse au gaspillage, au superflu et à l’inutile. Un phénomène déjà amorcé qui se traduit par un retour à la proximité. « Face à l’idée qu’en 2030 la Terre aura atteint ses limites, les Français souhaitent opter pour une consommation plus locale, moins énergivore, moins technologique. »

boutique mode consommateur shopping
Dans dix ans, 77% des Français auront éliminé de leur consommation les produits ne respectant pas l’environnement - Photo © Cam Morin.

Vers un droit individuel à consommer ?

À l’heure des engagements RSE pris par les entreprises, enseignes et marques, cette empreinte propre à chacun mènera-t-elle à une individualisation de la consommation. Potentiellement inquiétante, cette prospective plutôt extrême parce qu’elle touche à la liberté de chacun, ne semble pas rebuter nos compatriotes qui se disent prêts à 60% à disposer d’un « permis de consommer » prenant en compte leur impact personnel sur l’environnement.

Vers des packagings virtuels ?

Dans cette optique, l’un des aspects concrets, visible en magasin, passera peut-être par l’absence d’emballage, source de déchets et de pollution. Si de plus en plus de ménages limitent déjà l’achat de produits emballés et plébiscitent le vrac, 87% des personnes interrogées favoriseront les produits sans packaging afin de préserver la planète. « Avec pour défi d’inventer des contenants différents qui protègent malgré tout et donnent envie aux consommateurs d’acheter ! »

Vers une personnalisation par l’ADN ?

Donne-moi ton ADN, je te dirai ce que tu dois manger ! La personnalisation poussée à son paroxysme deviendra-t-elle la norme en 2030 ? Un Français sur trois accepterait de communiquer son ADN pour bénéficier de recommandations adaptées à ses besoins biologiques. Ce scénario ne révèle pas totalement de la science-fiction puisque notre identité génétique suscite déjà l’intérêt de l’industrie l’agroalimentaire. Ainsi au Japon, Nestlé a lancé un programme de recherche prévoyant l’étude des analyses ADN et sanguines des consommateurs afin de leur fournir des recettes individualisées… à base de produits Nestlé ! Un marché qui peut se révéler lucratif au point que l’ADN devienne une monnaie d’échange ? Même si cette interrogation peut paraître aujourd’hui incongrue, 33% des personnes interrogées seraient d’accord pour céder leurs données biométriques en échange d’une contrepartie financière ! À suivre…

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Aujourd’hui 60% de nos compatriotes sont prêts à se passer des espèces pour régler leurs achats en privilégiant des moyens de paiement dématérialisés - Photo © Clay Banks.

Vers la fin du cash ?

Depuis le début de la crise, notamment pour des raisons sanitaires, les Français optent plus facilement pour le paiement sans contact et, dans une moindre mesure, mobile. Cette évolution rapide doit amener les retailers à anticiper ces changements de moyens de règlement. Aujourd’hui 60% de nos compatriotes sont prêts à se passer des espèces pour régler leurs achats en privilégiant des moyens de paiement dématérialisés. À bon entendeur !

Quid de l’humain ?

À l’heure de la distanciation physique imposée par l’épidémie de Covid-19, quelle place tient la relation humaine dans le commerce ? 47% des sondés reconnaissent vouloir franchir le pas de la livraison par drone ou robots. Les estimations laissent entrevoir une moindre présence du personnel en boutique. 41% ne rechigneraient pas à faire du shopping dans des magasins 100% autonomes, que ce soit pour aller vite, pour pouvoir acheter la nuit… À l’image d’Amazon Go et son concept de petits magasins alimentaires sans caisse développé par le géant du e-commerce. Cette expérience client particulière, « just walk out shopping » selon Jeff Bezos, son fondateur, est rendue possible grâce à des technologies de pointe (caméras, balances, capteurs, intelligence artificielle…). « Ces deux types de magasins – traditionnel et digital – vont cohabiter et s’adapteront aux profils et besoins des consommateurs. Certains souhaiteront passer du temps en boutique, flâner et y vivre une expérience ; alors que d’autres préfèreront être indépendants. » Quand la logique d’omnicanal prend tout son sens.

Vers un retour du gigantisme ?

Si la tendance actuelle confirme un retour aux points de vente de proximité à taille humaine, plutôt rassurants en période de pandémie, 72% de nos compatriotes ne rechigneraient pas à fréquenter des magasins de très grande taille … à condition qu’ils soient agréables et écoresponsables. Et pourtant ces dernières années les hypermarchés n’ont plus la cote, jugés trop imposants et impersonnels. « L’essentiel reste d’être à l’écoute du consommateur, qui n’est plus dupe et dicte ses règles, en lui permettant de prendre du plaisir lors de ses achats », rappelle Matthieu Loitron pour qui cette perspective du « big is beautiful » n’est pas à exclure. Aux commerçants de s’adapter. L’agence Saguez & Partners a d’ailleurs imaginé le néologisme « Hosping », contraction d’hospitalité et shopping, pour marquer le passage de l’ère du transactionnel à celle du relationnel. 
La dernière décennie a déjà révolutionné le retail et le rôle des magasins – e-commerce, nouvelles attentes des consommateurs, concepts éphémères ou hybrides, lieux de vie et d’expérience, réalités virtuelles et augmentées… -. Rendez-vous est pris dans dix ans pour découvrir le profil de ces boutiques nouvelle génération !  

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Rédaction Laëtitia Blin

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