La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Et si le trésor de l’olivier ne se cachait pas dans son fruit à l’origine de l’huile de table riche en antioxydants et bénéfique pour la santé ? Mais plutôt dans ses feuilles qui ont trouvé une nouvelle application dans l’industrie du cuir ? Focus sur un agent tannant à base de feuilles d’olivier qui pourrait bien conquérir le marché.
Notre quête de l’or vert commence en Chine, à l’embouchure de la Rivière des Perles, dans le comptoir maritime d’Hong Kong, littéralement « port aux parfums ». Situé au carrefour de l’ancienne route de la soie, entre Asie, Afrique et Orient, le salon Asia Pacific Leather Fair ou APLF pour les habitués, y réunit tous les ans les professionnels du cuir. C’est sur le stand du tanneur allemand Weinheimer Leder, réputé pour son savoir-faire traditionnel de traitement de grandes peaux de veaux, originaires des régions alpines, que le rondement dénommé cuir Olivvia® interpelle. Cette nouvelle gamme de cuirs, tannés à l’essence de feuilles d’olivier, testée et approuvée par l’Association pour L’Assurance Qualité des Fabricants de Bracelets Cuir, basée en Suisse, berceau mondial de l’horlogerie, a l’ambition de couvrir tous les marchés – du bracelet de montre, à la chaussure, en passant par le prêt-à-porter et la maroquinerie, jusqu’aux projets de décoration intérieure. Plus connu pour son fruit ovoïde et l’huile fondamentale à la cuisine méditerranéenne, le vrai trésor de l’olivier réside dans sa feuille dont l’usage peut se révéler, sous certaines conditions, riche en bénéfices y compris pour l’industrie du cuir.
Direction Paris, à l’occasion du salon Première Vision Leather, où quelques mois plus tard nous rencontrons Thomas Lamparter, Directeur Commercial de la société wet-green®, fabricants- distributeurs d’Olivenleder® une gamme de cuirs extra vierge de tout métal. Sur le stand, placé au cœur de l’espace Smart, les visiteurs se pressent pour tester le sirop et l’« Olivenblatt Kräutertee », la tisane de feuilles d’olivier, dont l’industrie alimentaire a coutume de camoufler l’amertume. Mais ici, le mix d’ingrédients marketing se base sur la transparence, recette du succès de la solution brevetée en 2008. À l’origine du projet, un scientifique et un technicien du cuir. Ensemble, ils sourcent les feuilles d’olivier en méditerranée, coproduit de l’huile d’olive, au même titre que les peaux sont un coproduit de la viande et du lait, destinées à être incinérées. Ils récupèrent alors les feuilles séchées, les coupent, les font bouillir comme du thé et évaporent l’eau pour en faire un tannin sirupeux.
Pour traiter un mètre carré d’un cuir standard de 1,2 mm d’épaisseur, seul un kilogramme de feuilles d’olivier à faire bouillir est nécessaire. « Nous sommes partenaires de nombreux acteurs du bassin méditerranéen, spécialisés dans l’extraction en volume pour l’industrie alimentaire. 85% du marché global de l’huile d’olive vient de cette région, plus grande productrice au monde. Nous étendons leur saison de récolte, et veillons à ce que les salariés soient payés au moins au salaire minimum. La condition sinequanone est que les feuilles soient séchées au plus vite, car c’est crucial pour la compatibilité des agents tannants. À l’intérieur, elles renferment le degré le plus important d’olive, riche en antioxydants, permettant de ralentir le développement du cancer. Cet extrait pur est utilisé pour tanner les cuirs. »
Certifié « Platine » parmi les « matières santé » par l’institut américain Cradle to Cradle, l’entreprise se voit récompensée des efforts menés pour offrir une alternative à l’usage de produits chimiques. En résulte un cuir biodégradable qui, après 90 jours, est décomposé à plus de 90%. Un argument de taille pour les tanneurs tels que Weinheimer Leder en quête de solutions innovantes et durables.
De pH neutre, le cuir à tannage végétal, exempt de métaux lourds est parfaitement compatible pour être porté à même la peau, et prévenir des allergies. D’ordinaire plus rigide, « le cuir tanné végétal à la feuille d’olivier se démarque par sa souplesse et ne nécessite pas de couper d’arbre. Grâce à la chlorophylle contenue dans les feuilles, après séchage, les peaux sont naturellement très claires, jusqu’à blanches, ce qui permet de les travailler dans n’importe quelle couleur avec des teintures et pigments de surface, à fortiori sans métaux. » Pour s’assurer que leurs partenaires, remplissent le cahier des charges environnemental, la société réalise des audits auprès des tanneries qui souhaitent utiliser leur agent tannant. Comme Weinheimer Leder et les produits Olivvia®, ils accompagnent leurs clients dans le changement et les conseillent pour mettre en place leur solution. « Spécialisée dans le cuir de veau à tannage minéral, Weinheimer n’avait pas cette compétence du végétal. Nous leur avons transmis le savoir et après de nombreux tests ils ont pu développer les produits souhaités sans chrome ce qui ouvre le champ des possibles. » 95% de l’activité de wet-green® sont dédiés à la commercialisation et l’implémentation du process auprès des tanneurs sélectionnés. La société possède également sa propre tannerie, et propose une gamme de cuirs aux tonalités vives sous la marque Olivenleder®.
Rédaction Juliette Sebille
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