Foulons et Palissons fait revivre la tannerie
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Un siècle après l’édition de 1924, la capitale va accueillir le monde entier à l’occasion des Jeux Olympiques. L’exposition au Palais Galliera « La mode en mouvement » s’inscrit dans la programmation de l’Olympiade Culturelle Paris 2024. Trois « accrochages » se succèdent jusqu’en septembre 2025 pour raconter les influences et l’évolution continue de la mode et du sport. Le cuir, noble et ancestral, est un précieux allié au service de l’élégance et du confort.
Dans la mode contemporaine, le sport est omniprésent. Les historiens datent la naissance du sport moderne au début du XIXe siècle, rapprochant le nom « sports » des passe-temps physiques de la haute société. Les premiers exercices physiques proviennent d’activités utilitaires, aristocratiques, telles l’équitation (liée à la chasse), l’archerie ou l’escrime. Avant de devenir des loisirs puis des sports de compétition, elles profitent aussi bien à la santé qu’à la distinction sociale. L’escrime, par exemple, est promue par le baron Pierre de Coubertin (1863-1937) aux JO d’Athènes. Qu’elle tienne un fleuret, une épée ou un sabre, la main armée est alors protégée par un gant à manchette, tandis qu’une mouche, également en cuir, et teintée de craie ou de charbon traçait l’impact. Les touches électriques n’existaient pas encore… En escrime, comme en tennis, le blanc immaculé est l’un des premiers codes réglementaires. S’il commence par se pratiquer sur gazon en Grande-Bretagne, le « lawn tennis » a pourtant un ancêtre bien français : la paume, un jeu de balle, issue des monastères, connue depuis la Renaissance. Pour y jouer, il était courant de louer des tenues. Notamment des chaussures en cuir souple, dont les semelles aux coutures apparentes évitaient de glisser. La chaussure est, en effet, le premier accessoire à adapter son usage, anticipant l’idée de performance. Le golf – né en Écosse au XVIIIe siècle – en témoigne. Ses premières chaussures ont une épaisse semelle de cuir dans laquelle sont vissés des crampons. Elles s’allègeront par la suite remplacées par des semelles en caoutchouc cranté. Pour autant, la chaussure traditionnelle de golf conservera sa languette de cuir, qui couvre le laçage tout en empêchant la pluie de s’infiltrer… Les sports de glace sont aussi très prisés des Britanniques. Les Alpes sont désormais accessibles par le chemin de fer et il est rapidement de bon ton de s’adonner aux sports d’hiver, ski, alpinisme, patinage. Le patin à glace, qui consiste à l’origine à ajuster un rail de glissement sous une chaussure de ville, est ainsi l’une des plus anciennes chaussures au monde. À l’aube du XXe siècle, la société anglaise défend l’idée d’un corps dynamique. Le loisir social se limite encore à des démonstrations d’élégance.
Les années 1920 sont celles de la modernité et du culte de la jeunesse. Le sport, à la mode, se démocratise et connait sa première expansion. L’élégance est prioritaire. Mais la notion de performance fait son chemin. Les disciplines se formalisent, les fédérations sportives produisent leur règlement, les compétitions se multiplient. Le premier championnat féminin de football a lieu en 1918 en France. Le Tour de France, lui, a vu le jour en 1903. La bicyclette, qui a été adoptée par une grande partie de la population dès la fin du XIXe siècle, donne envie de liberté et de mouvement. Le vélo est non seulement un nouveau mode de déplacement mais aussi un loisir avant de devenir un sport à part entière. Les Années Folles découvrent ainsi la vitesse, alors que se développent l’automobile et l’aviation. Des sports « mécaniques », qui nécessitent un équipement de plus en plus pratique. Les premiers véhicules motorisés, dépourvus de toit, imposent en effet de se protéger du froid, du vent, de la pluie… Les pionniers de l’automobile adoptent entre autres un long manteau baptisé « cache poussière », d’épais gants de fourrure en hiver, un casque lunette en cuir de la forme d’un masque… Le vêtement s’adapte, se spécialise peu à peu. La tenue de sport, à proprement parler, émerge véritablement durant l’entre-deux-guerres. Les couturiers s’intéressent aux compétitions et se mettent rapidement au service des sportifs. La collaboration entre Jean Patou et Suzanne Lenglen est significative. La championne de tennis, qui a remporté le tournoi de Wimbledon à 20 ans à peine, marque l’histoire en portant la première robe raccourcie. Louis Vuitton, de son côté, lui fournit ses malles en cuir. Marques de mode et sportifs ne cesseront plus de tisser des liens de plus en plus étroits, faisant infuser le style sportif jusque dans l’habillement de tous les jours.
C’est en 1928 que la presse française introduit le mot « sportswear ». Un demi-siècle plus tard, il prend un nouvel élan avec l’avènement d’une esthétique sportive et d’un corps athlétique, qui caractérisent les années 1980. La quête de confort n’a cessé de gagner du terrain depuis le milieu du siècle dernier. Les mots de René Lacoste (1904-1996) résonnent avec justesse : « Jouer et gagner ne suffit pas, encore faut-il maîtriser son style ». Dans les vestiaires masculin et féminin, baskets et joggings occupent une place de choix. Les équipementiers, nés dans les décennies précédentes, proposent des modèles variés, devenus parfois des classiques. Les marques de mode réinventent, dans les années 2000, les sneakers en accessoires identitaires et en objets « collectors » au succès immédiat… « Bien loin d’une simple chaussure utile à la pratique sportive, la basket/sneaker est devenue un phénomène de mode incontournable, qui touche la société dans son ensemble », souligne Miren Arzalluz, Commissaire de l’exposition au Palais Galliera. Plus largement, les acteurs du luxe se sont emparés du secteur protéiforme du sport, empruntant parfois directement aux JO planétaires. En 2022, la ligne sportswear Dior Vibe avait été présentée par dix athlètes internationales. La collection No13, qui mettait en lumière Aimee Mullins, athlète paralympique, amputée des deux jambes, a marqué la mémoire. En l’habillant d’un corset en cuir d’inspiration orthopédique et de bottes victoriennes en guise de prothèses, Alexander McQueen (1969-2010), faisait preuve, en 1999, d’inclusivité avant l’heure.
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Rédaction Nadine Guérin
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