La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Reprise en 2011, Maison Fey a favorisé le déploiement de l’éventail de ses métiers. Des dessus de bureaux aux cuirs de Cordoue, le gainier centenaire oscille entre artisanat et design. Au programme : internationalisation, montée en gamme et nouveautés produits.
Entretien avec Fabienne Saligue, sa dirigeante.
J’ai racheté cette société familiale à l’automne 2011. Créée en 1910, elle était détenue par Michel Fey, le petit-fils du fondateur, trois générations s’étaient donc succédé à sa tête. Issue d’une école de commerce, je ne suis pas pour ainsi dire dotée de « l’intelligence de la main » et toute ma vie, j’ai fait du marketing et développement au sein de grands groupes. Puis j’ai consacré les dix dernières années à la mise en œuvre de diagnostics conseil pour les PME / TPE. Aujourd’hui on ne peut pas s’improviser, le business s’est complexifié et internationalisé, il faut faire preuve d’ouverture d’esprit et disposer d’une base de connaissances solides pour gérer une entreprise. C’est cette vision entrepreneuriale que j’ai souhaité apporter à des artisans. Sensible à la décoration, j’ai naturellement cherché à reprendre une Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en région parisienne – ni trop petite ni trop grande – et mon choix s’est porté sur Maison Fey.
J’avais appréhendé une internationalisation, le développement des produits et une montée en gamme. Et c’est ce que j’ai fait à peu de choses près que cela m’a pris plus de temps que prévu, l’entreprise ayant plus de difficultés que le laissait penser le bilan au moment du rachat. À l’époque, le cœur de l’activité se concentrait sur les cuirs de bureaux (dessus de bureaux), les faux livres, la gainerie diverse et variée (parchemin, mobilier…). Les ébénistes constituaient alors la majorité de notre clientèle, confortée par quelques architectes, galeristes et décorateurs. J’ai fortement misé sur ces derniers ce qui a valu de clôturer l’exercice avec 60% du chiffre d’affaires à l’export, quasi inexistant à mon arrivée dans l’entreprise. Nous travaillons essentiellement à l’aménagement de palaces et d’hôtels 5 étoiles ou de boutiques de luxe en lien avec des décorateurs ou des agenceurs. Mais aussi de résidences pour le compte de particuliers fortunés.
Nous sommes « atypiques » dans le micromarché qu’est la gainerie. C’est une niche principalement représentée de TPE d’une ou deux personnes, qui peinent à s’en sortir avec une clientèle locale, hormis les ébénistes. Beaucoup ferment sans trouver de repreneurs et paradoxalement d’autres se créent sans expérience. Nos confrères se font donc de plus en plus rares, et nous n’avons pas de concurrents à proprement parler, si ce n’est sur un métier précis parmi la palette de services que nous offrons. Par exemple, les cuirs de bureaux sont une spécialité très franco française, nous restaurons des meubles anciens pour des particuliers et institutions ou gainons du mobilier neuf de style dans le cadre d’aménagement de boutiques. Mais la demande reste soutenue en Europe et bien que nous soyons leader, grâce à notre réactivité, la qualité de nos cuirs et grande expertise de notre doreur, la concurrence est plus forte sur ce segment. Notre valeur ajoutée s’exprime également dans notre capacité à proposer de nouveaux produits : cuir percé, cuir tissé, cuir plissé, broderie main et machine, gaufre sur cuir reconstitué (80% de poudre de cuir et latex)… et ce cocktail là on ne le retrouve que chez nous !
Nous travaillons sur des projets très longs, qui s’échelonnent de trois à cinq ans. Nous venons de finaliser 600 portes, intégralement gainées de parchemin, pour habiller les dressing d’un palace qui ouvrira très prochainement. Et pourrons effectuer la pose d’un chantier à Doha dès que la situation nous le permettra. Des devis sont en cours pour de nouvelles réalisations de boutiques planifiées en 2022. Et puis en juin prochain, nous allons participer à la biennale des métiers d’art Révélations et collaborerons avec deux designers pour l’occasion (NDLR – lors de la dernière édition c’est Pierre Charrier qui avait travaillé le cuir comme un tissu pour gainer un vaisselier de Maison Fey). Cela nous permet de nous présenter sous un autre angle. Les journalistes sont très avides de nouveautés. D’ailleurs, nous allons bientôt révéler une innovation…
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Rédaction Juliette Sebille
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