La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Vous êtes maroquinier, créateur de bijoux ! Si vous avez l’occasion de vous promener sur les bords du lac Léman du côté de Margencel à quelques encablures de Thonon-les-Bains en Haute-Savoie, n’hésitez pas à faire un détour par l’atelier de tannage végétal de peaux de saumon de Claire Dumortier. Celle-ci se fera un plaisir de vous faire découvrir ses cuirs teintés, uniquement avec des colorants issus de plantes et… d’insectes !
Cela fait un an que Claire Dumortier a créé sa microentreprise spécialisée dans le tannage végétal de peaux de saumon. Baptisée Lohi, qui signifie poisson en finnois, celle-ci est le fruit de la volonté de la quadragénaire de lier son activité professionnelle avec ses fortes convictions en matière de respect de l’environnement et son goût prononcé pour l’artisanat. Titulaire d’une Maîtrise de biologie des populations et des écosystèmes, elle a travaillé au sein de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) de Haute-Savoie avant de seconder son conjoint, pêcheur professionnel.
Désireuse de réorienter sa vie active, elle décide de se lancer dans le cuir de poisson car « il existe un lien avec ces deux anciennes activités ». Elle fait le choix du saumon car, s’il n’y en a pas dans le lac Léman, il s’agit d’un des poissons les plus consommés en France et donc une source importante de déchets et… de matière première. Par ailleurs, il donne des peaux de bonne taille. « Nos cuirs mesurent au minimum 58 cm sur le côté le plus long et entre 12 et 15 cm au point le plus large », précise Claire Dumortier.
« Si la production a démarré il y a un an, j’ai commencé à travailler sur le projet en 2016. J’ai d’abord passé un an et demi à réaliser des essais et acquérir un savoir-faire, puis suivi un stage d’une semaine dédié au cuir de poisson en Suède et une formation personnalisée à CTC », détaille la tanneuse. En adepte de l’économie circulaire, celle-ci s’approvisionne en peaux de saumon tout simplement au supermarché près de chez elle qui dispose d’un stand de fabrication de sushis qui consomme donc une grande quantité de saumons dont les peaux sont automatiquement enlevées.
Une fois à l’atelier, celles-ci sont débarrassées des surplus de chair et des écailles entièrement à la main. Les peaux commandées sont plongées dans un bain de tannage à base d’extraits végétaux, essentiellement de noix de galle, des excroissances sous forme de petites boules provoquées sur les feuilles de chênes par la piqûre d’insectes. Les autres sont congelées et stockées. Le cycle de tannage est d’une bonne dizaine de jours puisqu’il s’agit de tannage statique et pas en foulons. Les peaux sont ensuite mises au séchage, moment où Claire Dumortier applique une légère finition à base de cire d’abeille pour les protéger. Le temps de séchage varie d’un à deux jours. Puis, vient le temps de la mise en teinture.
Grâce à une formation au Jardin Conservatoire des Plantes Tinctoriales de Lauris dans le Lubéron, c’est dans cette étape que réside la particularité de Lohi. Passionnée du monde végétal, Claire Dumortier fabrique elle-même ses teintures à base de plantes – d’où la petite branche sur le O de Lohi dans le logo -. Ainsi, elle utilise les racines de garance, qu’elle réduit en poudre avant d’extraire le colorant pour le rouge, l’écorce de fruit de la grenade pour le jaune ou encore le cosmos sulfureux pour l’orange. Plus étonnant, elle utilise un insecte, en l’occurrence la cochenille, pour la couleur fushia.
Lohi propose actuellement une palette de six couleurs. Chaque peau est vendue 22 euros pièce. Quant à sa clientèle, elle est, pour le moment, composée essentiellement de créateurs de bijoux et de petite maroquinerie internautes ou basés dans la région. Mais, Claire Dumortier compte bien surfer sur l’engouement actuel pour le cuir de poisson pour la développer et l’élargir.
Rédaction Jean-Marc Ménard
Photos Marlène Fargier-Carlod
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