Laëtitia Fortin, une collection
de cache-pots qui sublime
les imperfections de la peau

Contenant en cuir réalisé par Laëtitia Fortin
Premiers modèles de contenants en cuir réalisés par Laëtitia Fortin alors étudiante en design à l’École Boulle - Photo © Betty Montarou.

À partir de cuirs de second choix, la designer Laëtitia Fortin a poussé la réflexion autour de la valorisation de leur imperfection et fait germer une collection de cache-pots et autres contenants pour la maison à la beauté plus vraie que nature. Rencontre.

Ces cuirs qui ont de la veine…

Tout a commencé à Paris en 2014. Alors étudiante à l’École Boulle en design produit et tapisserie d’ameublement, Laëtitia Fortin se penche sur la question de la revalorisation des cuirs de second choix, projet qu’elle fait passer au premier plan pour l’obtention de son diplôme en design. « Mon amie qui travaillait le cuir en tant que pareuse dans une entreprise en Île de France, me parlait régulièrement du cuir et des problématiques de défauts des cuirs. Je me suis intéressée à cette matière d’un point de vue du design, en me projetant sur la valorisation des cuirs autrement que par leur perfection et l’homogénéité de leur surface. Les cuirs de second choix ont des défauts visibles dans une certaine mesure. Tannés 100% végétal on y voit des nervures, ou veines comme on appelle communément sur le cuir. Ces lignes plus claires ou plus sombres qui parcourent la matière sont considérées comme des imperfections pour la plupart des personnes, qui ne les utilisent pas. Moi j’y vois des marbrures, tout dépend de la sensibilité de chacun ». Et de rappeler « second choix ou pas, ces cuirs sont dans tous les cas des matières très haut de gamme. Leur processus de transformation demeure lent et coûteux. »

Cuir de second choix sélectionné par Laëtitia Fortin
Alors étudiante à l’École Boulle, Laëtitia Fortin se penche sur la question de la revalorisation des cuirs de second choix, en sublimant leurs imperfections et l’irrégularité de leur surface – © Photo Betty Montarou.

Premier ou second choix : sauve qui peau !

Alsacienne d’origine, Laëtitia collabore avec une tannerie de cette région localisée à Barr. Labélisée Entreprise du Patrimoine Vivant, « la Tannerie Degermann, m’a donné mes premières peaux pour faire mes tests échantillons et je lui suis restée fidèle pour fabriquer mes contenants de clefs car son cuir correspond très bien à cette destination produit. » De tannage mixte, il permet de combiner les caractéristiques d’un tannage minéral et végétal. Tout en ayant la même profondeur et patine, il a des caractéristiques de souplesse que l’on ne retrouve pas chez un cuir à tannage 100% végétal. Installée depuis un an dans la ville de Saint-Junien, elle travaille également les peaux de second choix à tannage 100% végétal de la Tannerie Gal à Bellac, non loin de là. « J’ai tissé un réseau local, j’essaie de limiter mes chutes et me sers autant que possible des qualités intrinsèques de la peau pour ne pas découper ou redécouper encore une fois la matière. Je dessine des objets intemporels qui ne sont pas forcément liés à des mouvements de mode, à contre-courant des produits qui ne seront plus tendances l’été prochain, et que l’on va cesser de porter ou jeter. C’est en ce sens-là que je m’inscris dans une logique de création durable. »

Contenants plissés Johan S en cuir de veau pleine fleur
Contenants plissés Johan S en cuir de veau pleine fleur tannage mixte, coloris noir, cognac, bordeaux, prix sur demande - Photo © Emmanuelle Mayer.

Des contenants intemporels pour une décoration épure

Depuis son projet d’étude et ses premiers prototypes de vases en cuir plissé à la technique dont elle garde le secret, la jeune designer a fait son chemin. « J’ai lancé mon activité suite au salon de septembre 2016 « now ! le Off » à la Cité de la Mode et du Design à Paris. J’ai pu toucher une clientèle de revendeurs de pots et plantes intéressée par mes cache-pots ainsi qu’une marque italienne qui souhaitait décorer ses show-rooms à travers le monde, et m’a commandé des contenants pliés. » La collection de vases, vide-poches, cache-pots, organisateurs de bureau et autres contenants en cuir est déclinée dans trois coloris cognac, noir et bordeaux et s’adresse essentiellement aux professionnels de la décoration, de l’hôtellerie, de la restauration qu’elle souhaite développer sur le salon Maison&Objets. « Plutôt orientée B2B au départ, je commercialise désormais mes produits via mon site internet pour répondre à l’engouement rencontré auprès des personnes en particulier ! » Comptez de 20 à 900€ prix boutique pour les pièces les plus imposantes réalisées à la main dans son atelier.

Vide-poche Élisa en cuir de chèvre pleine fleur à tannage végétal, prix boutique conseillé 115€ - Photo © Emmanuelle Mayer.

Rédaction Juliette Sebille

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