Isaac Reina, maroquinerie luxe et design

Boutique Isaac Reina
La boutique-galerie Isaac Reina rue Bonaparte à Paris en collaboration avec Bernard Dubois, l’architecte belge.

Isaac Reina, ou la recherche de la perfection. Face à face avec Claude Vuillermet, Directrice Artistique et fondatrice de l’Agence Polyphème.

Ce qui m’intrigue et m’intéresse dans votre personnalité, c’est bien sûr votre parcours d’excellence, mais c’est aussi la richesse et la diversité de votre expérience.
Racontez-nous comment s’est nourri cet éclectisme et comment il s’est matérialisé.

Je suis espagnol et donc je me suis formé à Barcelone. J’ai fait 2 ans d’école d’architecture mais je trouvais cela un peu pesant, un peu rigide et j’avais envie de trouver un autre terrain de jeu et donc ça a été la mode ! À la fin de mes études, j’ai rencontré le créateur Antonio Miro qui était dans la mouvance artistique espagnole, assez globale, de l’époque et j’ai collaboré avec lui pendant 7 ans.

Puis, j’ai eu envie d’aller en France pour enrichir mon expérience, comprendre ce qu’était le luxe et donc j’ai cherché un travail à Paris.
J’avais lu dans El País un article de Jean- Louis Dumas, alors PDG d’Hermès, qui m’a fasciné. J’ai donc envoyé mon CV et il se trouve qu’Hermès cherchait quelqu’un avec mon profil. J’ai été convoqué, et comme ça en 20 jours, je suis devenu l’assistant de Véronique Nichanian pour dessiner la mode homme et j’y suis resté 7 ans. Une expérience extrêmement formatrice avec quelqu’un capable d’allier un goût très sûr au pragmatisme et à la passion.

Isaac Reina
« Less is more » Isaac Reina propose des sacs et de la petite maroquinerie pour homme et femme au design épuré.

C’est rare que les créateurs de mode évoluent du vêtement vers la maroquinerie, en général c’est plutôt le contraire. Comment en êtes-vous arrivé à choisir la maroquinerie comme pivot de votre univers ?

J’ai travaillé 14 ans sur le segment masculin et j’avais envie de faire autre chose, mais en restant un peu à l’abri de la pression imposée par le rythme des collections de mode. Je me suis intéressé aux accessoires en général et puis j’ai commencé par le sac, car j’avais eu des contacts avec des ateliers artisanaux à Paris. J’ai débuté avec eux sans me rendre compte de tout ce que cela impliquait comme travail derrière.
J’ai commencé, et poursuivi pendant 3 ans, par le sac pour homme, pas seulement pour sa fonction utilitaire, mais aussi pour son côté plus intemporel. D’autre part, j’ai beaucoup développé la petite maroquinerie. Elle représente encore maintenant la moitié de la collection. Et je crois que c’est ce qui est le plus connu de la marque. Les hommes s’autorisent beaucoup plus de fantaisie sur ce produit discret. C’est un objet très personnel, un vrai doudou… et une porte d’entrée à l’univers de notre marque.

Et le sac de voyage ?

Oui, c’est vrai que c’est un modèle plutôt réservé aux hommes à cause du poids. Mais je m’attelle à enlever tout le surplus pour le rendre très léger, par exemple il est très souvent non doublé. Ma première démarche créative a été de déconstruire. De moderniser la tradition par la technique. J’élimine le surplus, les renforts etc… qui structurent trop les formes. Et c’est vrai que j’ai appris ça chez Hermès, où Véronique s’employait à simplifier et alléger…

Sac Kawai Isaac Reina
Sac standard Kawaï n°543 en veau de tannage mixte, coloris bleu glacier, 800€ prix boutique conseillé.

J’ai l’impression que le sac, que vous déclinez désormais au féminin, n’est pas seulement pour vous un accessoire de mode, c’est un objet, le contraire du It-bag …

Oui exactement je suis dans la globalité, pas dans le décoratif, ça c’est clair !

L’histoire du design, et de l’architecture est vraiment dans votre tête !

Quand j’étais petit, je dessinais des maisons et j’ai étudié l’architecture. Et ce que j’aime en dessinant des sacs, c’est que, contrairement aux vêtements, nous ne sommes pas liés à la morphologie du corps, les volumes sont plus libres.

Comment sont rythmés les cycles des collections ?

Aujourd’hui nous présentons les collections 4 fois par an, en suivant le rythme de la mode. À nos coloris intemporels, on ajoute 2 coloris phares par saison, par exemple l’été prochain nous introduisons l’orange tangerine.

Quels types de peaux recherchez-vous et comment s’organise votre approvisionnement ?

Nous avons 2 fournisseurs principaux : un fournisseur français pour le veau de très belle qualité, qui pratique le tannage mixte, sur des peaux issues de bovins nourris d’herbe ! Et un fournisseur Toscan pour le cuir de tannage végétal. C’est une tannerie de petite taille qui nous autorise à prendre des quantités raisonnables, ce qui convient à notre production haut de gamme. Nous travaillons aussi, mais en quantité moindre, avec une mégisserie française pour l’agneau.

Boutique Isaac Reina
Isaac Reina s’attelle à enlever tout le surplus pour rendre un sac de voyage très léger, très souvent non doublé. Sa première démarche créative a été de déconstruire, de moderniser la tradition par la technique.

Vous avez donc ici un atelier en plein cœur de Paris, dans cette jolie cour du quartier Bastille. Quel est son rôle et où se passe la fabrication des pièces ?

Certaines pièces, les plus élaborées, sont entièrement faites ici, les autres sont façonnées dans des ateliers français, surtout autour de Paris. La petite maroquinerie est fabriquée en France et en Espagne.

Je trouve que votre univers est assez rigoureux et exigeant. Le qualifieriez-vous de minimaliste ?

Oui, je ne rajoute pas. Je suis dans la forme globale et pas dans le détail décoratif. Je suis inspiré par ma formation initiale autour de l’architecture.

D’androgyne ?

Oui, mais ça joue dans un seul sens, les femmes achètent très facilement les sacs pour hommes, le contraire reste marginal. Nous avons une clientèle très éduquée, très cultivée qui apprécie la qualité. Ils sont souvent un peu lassés des grandes marques et des excès de logos.

Votre boutique de la rue Bonaparte est vraiment bien en phase avec le design de vos produits.

Oui, c’est un vrai travail de collaboration avec Bernard Dubois, l’architecte belge.
Nous avons conçu des meubles gainés en cuir qui ont des proportions étranges, des géométries audacieuses. Nous nous trouvons dans un lieu qui se situe entre boutique et galerie. Avec le pari d’utiliser un cuir de tannage végétal (celui des sacs) non protégé, qui change de couleur, se patine et se salit aussi…

Racontez-nous aussi quels sont vos nouveaux projets de création et vos projets de développement pour votre marque.

Nous projetons, en collaboration avec Bernard Dubois, de créer une collection d’objets pour la maison qui s’échelonnera des objets de bureau en cuir, au meuble en cuir et ça, ça m’intéresse prodigieusement !

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Rédaction Claude Vuillermet – Agence Polyphème

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