Rencontre avec Ingrid Monti, créatrice de la marque de maroquinerie SAINTE ISAURE

Ingrid Monti a fait ses classes chez Chloé pendant cinq ans avant de fonder Sainte Isaure en 2016. Rencontre avec la créatrice d’une marque de maroquinerie qui monte.

La maroquinerie était-elle une vocation ?

Ma formation est scientifique. J’ai un Master Assurance Qualité et j’ai trouvé mon premier emploi dans l’alimentaire. Mais je me voyais évoluer vers la mode. Mon arrière-grand-père était sellier bourrelier. J’ai toujours aimé les accessoires.

Vous avez débuté dans l’univers du luxe chez Chloé…

Je recherchais un stage, en fait, j’ai eu la chance d’avoir tout de suite un CDI. Je suis entrée en 2011 comme Assistante Qualité pour les accessoires et les peaux. J’ai occupé plusieurs postes jusqu’à être nommée Responsable Qualité et SAV des accessoires Chloé et See by Chloé pour la maroquinerie, petite maroquinerie, les chaussures et bijoux. Mon premier poste m’a permis de rencontrer les tanneries puis les fabricants de pièces métalliques, enfin les producteurs. Cela m’a encouragée à me lancer. Mais Chloé reste ma maison de cœur. J’ai eu une formation très complète et une belle évolution.

Quel est l’ADN de Sainte Isaure ?

Mes sacs sont à la fois mode et durables. J’aime les couleurs intenses, les matières brillantes qui se patinent. Le doré fait partie de l’ADN. Le sac Renée est le modèle signature. Le Scarlett est très moderne avec sa bandoulière courte et ses anneaux en guise de poignées.

La danse est aussi une source d’inspiration…

Ma mère était cantatrice d’opéra. Elle m’a inscrite en danse, j’ai fait plus de 18 ans de conservatoire. C’est devenu une passion ! Pour moi, la danse est synonyme de grâce, de mouvement. Je m’entoure de danseuses depuis le début de la marque pour le shooting de mes collections. Celle de l’hiver dernier faisait référence à Fame, à l’univers disco de la fin des années 70 à NYC.

La marque a trois ans, cependant vous souhaitiez faire évoluer son image. Pourquoi ?

Je cible les citadines trentenaires. Mes images étaient trop « teenagers ». J’ai ressenti le besoin de retrouver une cohérence entre le style et le positionnement prix. On a retravaillé l’image, l’identité avec l’agence Open Studio Paris qui a notamment collaboré avec & Other Stories. La collection 2019-20 marque ce changement. L’esprit est plus sensuel, plus mature. J’ai voulu un doré plus sombre qui gagne en sophistication. Gold is the new Black !

D’où viennent les cuirs et où fabriquez-vous les collections ?

J’ai gardé le fabricant espagnol avec lequel je travaillais pour Chloé. Je choisis généralement mes cuirs sur Première Vision Leather. Chez Chloé, j’ai appris à négocier et à reconnaître les peaux. Mes cuirs sont italiens et français. La tannerie Sovos Grosjean a par exemple développé le cuir de veau semi aniline jaune rayon pour le sac René de cet été. C’est parfois un peu frustrant de ne pas pouvoir s‘offrir les peaux les plus belles… J’aimerais bien à l’avenir travailler avec davantage de tanneurs français.

Comment est distribuée Sainte Isaure ?

Les clientes découvrent généralement les sacs sur le site. Les pop-up m’ont permis d’augmenter mon chiffre d’affaires. Le site Sarenza a commencé à diffuser mes modèles. Je signe aussi dès mars avec Jean Louis deux versions Purple du sac Renée. Mes projets sont d’asseoir la marque, de l’implanter aux États-Unis et dans un grand magasin parisien.

Quelles sont les pièces fortes 2019-20 ?

Le sac Patty est un nouveau sac de jour, un petit volume zippé, hyper léger. Les matières et les couleurs sont variées : un cuir de veau craquelé à chaud améthyste, un imprimé croco fauve, du python mordoré qui joue avec la lumière, un rose antique et du carmin, une alternative au noir…

Sainte Isaure sera présente en fin de semaine à l’occasion de Première Classe Tuileries, Tente Concorde, stand 105.