H8LI ou l’art du cuir
seconde peau

Depuis Bordeaux, Virginie Pochebonne a lancé sa marque qui propose des pantalons en cuir stretch hauts en couleur. Rencontre !

Comment est née H8LI ?

Je vis à Bordeaux avec ma famille et à l’approche de la cinquantaine, je commençais à tourner en rond. J’ai eu envie de faire quelque chose qui amènerait un peu de désinvolture, de légèreté et de l’élégance à la silhouette féminine comme on savait le faire dans les 70’s. Je voulais travailler la peau de façon vintage et que ce soit très coloré. Avec H8LI (un mélange entre le nom de la fête des couleurs en Inde, Holi, et le 8 qui symbolise l’infini, l’éternité), je propose depuis 2016 des pantalons en cuir stretch seconde peau. C’est le hasard des rencontres qui a mis sur mon chemin des savoir-faire uniques.

Quels sont-ils justement ?

Je travaille avec un mégissier basé à Graulhet (Tarn), berceau historique de l’industrie du cuir, spécialisé dans la conception de cuir stretch. Ici, la refente du cuir engendre une peau de 0,3 mm d’épaisseur (la fleur de la peau) qui est collée sur une toile élasthanne qui permet à celle-ci de devenir élastique à 30 % et de revenir à sa forme d’origine après étirement. Je suis folle de cette matière qui donne à mes pantalons le ressenti d’un collant. Ce savoir-faire made in France est unique. Ensuite, les peaux sont assemblées à Bordeaux chez notre couturier. En amont, je travaille avec une modéliste qui réalise les gradations, soit plus de 5 tailles, pour un même porté affuté qui dessine la silhouette.

C’est une matière révolutionnaire ?

Et comment ! Elle existe cependant depuis les années 80. Elle a évolué dans les années 90 et des créateurs comme Jean-Claude Jitrois, Stouls ou Robert Clergerie ont été séduits par ce savoir-faire si particulier qui a révolutionné l’utilisation du cuir dans la haute couture. Mais même si l’on est plusieurs à en faire, chacun a sa propre identité qui rend le procédé unique.

Qu’en est-il de la couleur ?

Celle-ci est le parti pris de mes collections. Chaque saison, j’imagine environ 8 à 10 nouveaux coloris. Ils se font plutôt vifs et intenses pour le printemps/été (rose fuchsia, vert absinthe, fluo) pour être portés en soirée. Pour l’automne/hiver, je calme le jeu avec des teintes plus subtiles (en 2018 place au gris orage, bleu abysse, ultra violet, kaki clair) que j’aime associer avec un gros pull et une paire de bottes. Je m’adresse surtout à des femmes qui osent et aiment se faire plaisir. A l’atelier, le cuir est simplement plongé dans un bain de teinture pour être ensuite protégé. Le process est éco-responsable et répond à des normes allemandes, c’est une qualité qui n’a pas de prix.

L’entretien est-il un frein à la vente ?

Je suis justement à la croisée des chemins. Chaque peau est lavable à la main ou en machine mais cela dépend des pigments qui selon les coloris sont plus ou moins stables. Il faut suivre strictement les conseils d’entretien sous peine d’endommager le produit et j’ai eu quelques retours de clientes qui lavaient à 60° ! Du coup, aujourd’hui je mise davantage sur l’information et je donne beaucoup plus de conseils d’entretien. Si le produit est lavé avec douceur et repassé à l’envers, il ne bougera pas. On peut même le brosser pour lui redonner du velouté.

Enfin quel est votre modèle de distribution ?

C’est là toute la difficulté de mon produit car je ne veux pas que celui-ci soit vendu plus de 1000 €. Du coup, j’organise des ventes privées et je reçois surtout à notre showroom à Paris où je fais du demi-mesure. De cette façon, le prix d’un pantalon tombe à 650 €. Mais dès la rentrée, je lance un modèle de jupe boutonnée devant, avec 2 poches plaquées dans un cuir provenant du même fournisseur mais qui sera fabriqué au Portugal. Grâce à un prix plus accessible, H8LI va aborder la distribution via un réseau de boutiques multimarques.