Graphic colors

Les accessoires twistés par l’abstraction sortent du lot. Le color block qui fait son retour et une géométrie pleine d’audace leur insufflent une vivacité urbaine à la veine « arty ».
La mode a ses périodes de prédilection pour dialoguer avec l’art et ses avant-gardes. L’art déco a précisément un siècle et son héritage est toujours aussi vivant dans le domaine de la création. Malgré leur courte existence, deux mouvements majeurs ont marqué l’esthétique du XXème siècle : le Bauhaus (1919-33) et le groupe Memphis (1981-88). En 2020, sacs et chaussures à la personnalité bien trempée affichent leur singularité en même temps que leurs influences.

Des sacs à la géométrie abstraite

Le centenaire du Bauhaus, largement célébré en 2019, a remis en lumière la plus importante école d’art et de design du XXème siècle. L’institution pionnière, fondée à Weimar par l’architecte Walter Gropius et conduite par les plus grands artistes européens d’avant-garde, est une référence mondiale. Le couturier protéiforme Karl Lagerfeld était très attaché au renouveau radical généré par le Bauhaus. Il est le fil conducteur de sa dernière collection d’accessoires à la modernité sobre, fonctionnelle, ponctuée de couleurs primaires, rouge, bleu, jaune, noir graphique. Telle la ceinture Bauhaus, composée de trois « porte-monnaie » façon color block. La double pochette black’n white concentre les trois formes clé du mouvement artistique : le rond, le carré, le triangle. La maroquinerie Danse Lente cultive aussi la géométrie élémentaire. Sa créatrice sud-coréenne diplômée du London College of Fashion mixe les influences pour s’affranchir des volumes de la maroquinerie traditionnelle. Johnny est un sac seau au genre ultra visuel. Son anse à bascule et sa silhouette octogonale intègrent à la fois architecture angulaire, sculpture abstraite « à la Brancusi », pliage origami. Sans oublier des harmonies acidulées ou pastel très originales : pêche citron, mangue caramel, émeraude bleu ciel… L’épure structurée, entre art et design, a toujours animé Delvaux, la plus ancienne maison de maroquinerie. Depuis sa naissance en 1829, elle est restée fidèle à l‘esprit novateur de son fondateur malletier. Magritte, et plus largement le Surréalisme, imprègnent la marque à la signature artistique. En 2020, la griffe belge emprunte ses décalages maîtrisés au courant italien postmoderniste Memphis. En témoigne la nouvelle version d’un sac « icône » qui change de peau régulièrement depuis sa création pour l’Exposition Universelle de 1958. Le Brillant s’anime de rayures hypnotiques Optic blanc et noir, rafraîchi en touche d’un ton Néon fluorescent. Les contrastes graphiques, rappelant les jeux de construction pour enfants, sont l’un des signes distinctifs du mouvement Memphis. La dernière collection signée Nico Giani revendique clairement son héritage avec ses chocs de couleurs pastel ou pop et ses lignes architecturales « fun ».

Démarche Techno-Couture

Ettore Sottsass a fondé Memphis en 1980 à Milan. Le chausseur agrégé d’arts plastique Pierre Hardy le cite volontiers comme une référence. « Il a été un grand visionnaire sur le plan du design, de l’architecture, précise t-il. Son travail est à la fois totalement libre et très construit, d’une rigueur extrême et totalement ludique. » Des sandales aux sneakers en passant par les sacs, les accessoires dessinés par Pierre Hardy sont autant de créations colorées, graphiques, à l’esprit radical. Les chaussures Arche, apparues en pleine Révolution, ont fait de la couleur leur terrain de jeu et du cuir souple leur matière d’expression. Les constructions sont souvent innovantes. Tout aussi confortables, les sneakers ont de l’audace et de l’allure à revendre saison après saison… De No Name à Hermès, le cuir se combine à la maille technique, évoquant les jeux de matières hauts en couleur, caractéristiques du mouvement de design des années 80. C’est justement cette liberté créative, brassant la culture de la rue et la mode, qui inspire des marques à l’âme sportswear. Fila, l’Italienne centenaire, a fait défiler à Milan une collection premium d’inspiration New Retro. Ivana Pilja, créatrice d’origine bulgare, fait vibrer les color blocks avec une énergie très actuelle. La chaussure Coordinare de Fila Nero appartient à la « nouvelle vague » des Dad Shoes, reconnaissables à leur style décomplexé et leur semelle sculpturale. Une construction hybride vient rebattre les cartes de la chaussure en parallèle. Alliant confort ergonomique et design performant, accents outdoor ou athlétiques, la néo sandale emprunte à Memphis ses volumes ludiques photogéniques. À l’image de la Kinetic de Sorel, en cuir pastel et fluo, sanglée de velcro et montée sur une semelle aux crans festonnés.

 

Fila Coordinare
Colors black et sportswear 80’s caractérisent la Coordinare de Fila Nero, 350€ prix boutique conseillé.

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.

Rédaction Nadine Guérin

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN
Cuir Invest

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

prêt à porter automne hiver 2004 Hermès Jean Paul Gaultier
09 Avr

Cuir statut

Regard sur l’influence de Claude Montana (1947-2024) et des années 80, côté cuir… Cuir, très cuir… Je me souviens, Paris, la semaine des ...

lectus eleifend commodo consectetur adipiscing elit. diam risus. sem, Aenean
Fermer