Aventureux, costaud, protecteur, séducteur et mystérieux… Cela n’est pas le portrait de l’être idéal, mais bien les caractéristiques de cette matière cuir qui se fera, pour ce printemps-été 2025, le compagnon des odyssées urbaines et autres aventures des héros et héroïnes du quotidien. À l’assaut des catwalks ou du macadam, le cuir se fait incontournable, tantôt carapace, tantôt évocateur de mille histoires et références. Avant-gardiste dans les mains des créateurs, il est aussi la matière refuge, la valeur ajoutée de l’accessoire ou du vêtement, semblant alors taillé pour l’éternité. Et si c’était ça « l’étoffe des héros » ? Une saison où les marques réaffirment leur ADN stylistique, et donne le meilleur de leurs maîtrises techniques et savoir-faire signature.
Toujours présent dans les collections des tanneurs sur les salons professionnels, l’offensive rouge se poursuit ! Cuir et aspect cuir en rouge bouilli, rouge grenat, et même grenadine pour Ernest W. Baker. Rouge sang, rouge pompier pour les minirobes sexys de Jitrois. Des aspects laques, comme liquide, sont plébiscités dans de longs imperméables chez Jil Sander. Un néo-tailoring, ou plutôt même un esprit « leather-tailoring », structure ces silhouettes archétypales de femmes fatales, en cramoisi ou néo-bordeaux chez sur le podium rouge-néon-incandescent, façon alerte rouge de Gucci. Ligne au cordeau aussi, pour cette série de blousons structurés aux volumes étudiés chez Victoria Beckham, rouge « destroy » enfin pour LGN Louis Gabriel Nouchi. Et c’est aussi le retour de la nappe d’anguille dans les collections, avec cet aspect si singulier, lisse et aqueux chez Dior pour la Croisière 2025, ou pour les accessoires Diesel.
Fiers destriers ou bien comme dans la chanson de Piaf, le fantasme de l’homme (ou de la femme) à la moto, avec son blouson et ses bottes auront inspiré cette saison. Résurgence d’une horde de motards, version raffinée certes, avec sacs et vestes en croco ultra souple, comme des secondes peaux pour l’homme Louis Vuitton, grain croco laqué pour le combo jupe et perfecto chez Loewe, ou tout en « langueur » anthracite pour Lemaire. Plus littéral : blouson de cuir noir et ceinture cloutée chez Iro, matelassé chez Hermès, ou néo bottes de motards chez J.W. Anderson. Perfectos qui sont aussi repensés et revisités pour des silhouettes résolument urbaines chez AlainPaul, des porters sur costumes loose ou robes du soir chez Saint Laurent, déstructuré, travaillé tout en souplesse, nappa comme des soieries dans un esprit franchement couture que l’on a pu voir dans les collections très cérébrales de Loewe, Dries Van Noten ou Akris. Total look cuir, version « all black », avec des combinaisons qui auront été des passages récurrents dans les collections de ce printemps-été 2025, chez Hermès, Jordan Luca, Acne, John Richmond, System, DSquared, Marni, Jil Sander, Jitrois… Le tailleur Chanel qui s’encanaille dans ce passage total-look cuir, motard encore et esprit « racing-graphique » chez Dior. Plus téméraire, des cuirs buffle ou grains buffle, des mains lourdes, des peausseries robustes, chez Ferragamo. L’œil charbonneux et perfecto un peu avachi, pour des silhouettes résolument conquérantes et volontaires !
Autre incontournable de ce printemps-été 2025 : le bombers, le blouson d’aviateur là encore dans sa version la plus luxueuse. Hyper désirable dans des peausseries de premier choix dans la collection croisière 2025 chez Hermès. Cool et évident chez Fendi ou plus conceptuel chez Prada avec cet étonnant combo hoodie-blouson cuir. Une pièce prétexte à des jeux de proportions et des effets grandiloquents, qui accompagneront les silhouettes « très soir » de la collection croisière Gucci. Plus décalé chez Juun.J, chez JW Anderson cette pièce s’agrémente d’inattendus volants. Accumulations arty et complexités d’enchevêtrements de pièces de cuir pour une allure décidée façon « néo Mad-Max » pour les garçons de Craig Green… Un esprit baroudeur-couture, avec ce détail : ces chaussures de trekking « néo Caterpillar » portés avec de précieuses chaussettes brodées chez Fendi…
Gros sacs format diligence en veau velours ou croûte velours, peaux aux irrégularités sublimées, allure vintage et volumes déjà avachis accompagneront les ruées vers l’or d’aujourd’hui, des pièces à retrouver chez Dior homme ou Kidsuper. Toute la palette traditionnelle des bruns pour une matière sublimée et des pièces hors du temps, dans les collections masculines de Prada ou Zegna. Des effets d’érosion sur les surfaces, comme pour inventer sur les vêtements, les traces d’une histoire qui reste à écrire… Artisanat, gestes de toujours, jeux graphiques et coutures irrégulières, tressages, pour les accessoires et le prêt-à-porter Bottega Veneta ou l’homme Hermès. Fashion alert ! C’est le grand retour des franges, parfois même dans un esprit très tel-quel, ou détails folkloriques, elles s’imposent chez Chloé, Coperni, Isabel Marant, ou pour les accessoires Fendi, et dans les toutes premières silhouettes de la collection croisière, puis pour le très attendu défilé prêt-à-porter, véritable mix d’influences, d’Alessandro Michele pour Valentino (le transfuge de la saison). Façon décors Navajos, des cabochons, des rivets, des clous sur les bottes Dior homme et encore les accessoires Valentino, et dans une version nettement plus sulfureuse, les propositions de pantalons « chaps » ou bustiers et corsets sexys rivetés de Ludovic de Saint Sernin.
Hybridations, volumes étranges et couleurs venues d’ailleurs pour des pièces cuirs et qui sont autant de gestes créatifs, concepts ou manifestes de mode, ouvrant le champ des possibles, transformant et propulsant parfois la matière cuir, loin, très loin… Blousons aux proportions étranges chez J.W. Anderson, coloris acidulés ou cuirs fluos pour les accessoires matelassés comme s’ils étaient gonflés à l’hélium chez Gucci, même esprit d’un cuir comme emplis d’air pour les silhouettes Acne. « Bizarreries fashion » hyper-désirables, comme ce bermuda (la pièce incontournable de la saison côté garçons), avec ces aspects goudronnés ou des brillances et métallisations étranges chez Roberto Cavalli. Turquoise artificielle et découpes anatomiques chez Jitrois, fronces bizarres pour J.W. Anderson. Travail tout en souplesse aussi, manches relevées et froncées pour ces vestes Del Core. Des mix improbables, des vocabulaires qui se télescopent, des armures du futur et des guerrières de l’espace, décalage avec ce plastron de cuir associé à une robe à imprimé fleuris chez Rabanne dans ce défilé très « futuristico-romantique », volumes très « eighties » évoquant une science-fiction vintage, hyper désirable, pensés par Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton. Des incongruités et surprises avec des accessoires comme ce bob futuriste à l’allure très Cardin repéré chez Prada.
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Rédaction Florent Paudeleux
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