Festival de Hyères :
le cuir au plus près du corps

Minaudière en cuir moulé de Eun-Song Joo.
Minaudière en cuir moulé de Eun-Song Joo.

Du 25 au 29 avril dernier s’est tenu à Hyères, le 34ème Festival International de Mode, Photographie et Accessoires de Mode. Pour la troisième année consécutive, les accessoires avaient rejoint la compétition et plusieurs créateurs ont présenté des collections autour du cuir, faisant la démonstration de l’excellence de savoir-faire traditionnels au service d’univers créatifs totalement contemporains où le corps et la nature tenaient la place centrale. Moulé, plié, sublimé dans ses défauts qui laissent paraître son origine animale, le cuir donnait une nouvelle profondeur à ces accessoires.

Les chaussures moulées du duo de Mains d’Œuvre basé à Romans

Le jury placé sous l’égide de la créatrice de bijoux Charlotte Chesnais a décerné une Mention Spéciale à Dorian Cayol et Quentin Barralon pour leur collection de chaussures Ò-pan6 produite avec le soutien de la Tannerie Remy Carriat x Première Vision Paris et Swarovski.

Le duo basé à Romans s’est rencontré chez Clergerie, où ils ont tous deux travaillé pendant une année. Il y a trois ans, ils ont décidé de créer Mains d’Œuvre, un atelier de maroquinerie où ils fabriquent sacs et accessoires. La collection Ò-pan6, développée pour le festival, réactualise la technique du moulage sur forme, traditionnellement issue des Balkans, en réinterprétant, dans la plus pure tradition de la cordonnerie, les souliers de sport issus, eux, du moulage industriel.
Chaque détail de couture, chaque finition réalisée minutieusement à la main confèrent à cette gamme de cinq modèles, qui auront nécessité quelque 300 heures de travail, une esthétique épurée et graphique, soulignée par les laçages de lin et coton, réalisés pour eux par un atelier de tissage de Saint-Étienne.

Mains d'oeuvre bottier
Bottine en cuir à semelle moulée réalisée par Dorian Cayol et Quentin Barralon.
Une forme d’inspiration sport créée par Dorian Cayol et Quentin Barralon.
Une forme d’inspiration sport créée par Dorian Cayol et Quentin Barralon.

Creatures of habit de Sarah Levy

La collection de maroquinerie de la créatrice belge Sarah Levy, baptisée « Creatures of Habit » réalisée avec le soutien d’Emmetex Etichettificio, As Erdogan Deri x Première Vision Paris, de l’Atelier Aymeric Le Deun et de Swarovski, a reçu le Prix du Public.

La créatrice de 36 ans, diplômée de La Cambre et titulaire d’un diplôme d’architecture, a matérialisé notre obsession pour les nouveaux objets fétiches que sont nos smartphones, cigarettes électroniques… qui modifient notre rapport au corps et créent de nouveaux gestes. Devenus de véritables prolongements de nous même, ils s’intègrent à des gants de chevreau ultra souple par le biais du moulage. Le corps sert lui aussi de modèle à des sacs, qui viennent se poser au plus près d’un sein dont ils reprennent les courbes.
Un soi augmenté grâce à des accessoires, à la limite du prosthétique, qui séduisent par leurs lignes minimales.

Sac Sarah Levy.
Sac Sarah Levy.

La féminité revendiquée d’Eun Song Joo

La jeune créatrice allemande a voulu remettre en valeur le sein, symbole féminin sensuel et maternel, qui se retrouve de plus en plus objectivé, censuré et malmené.Elle l’a placé au cœur d’une collection de sacs, minaudières et bourses en cuir bovin en tannage végétal moulé sur formes. Une réification noble, mettant en avant la diversité et la pureté des formes.

« O » Collection de sacs de Mathilde Le Gagneur

La française Mathilde Le Gagneur s’est inspirée d’un seau en bois japonais pour créer ses sacs, conçus comme des objets à porter à la structure rigide et graphique. Les sacs sont réalisés en cuir bovin en tannage végétal laissé naturel. La créatrice, qui a étudié le textile à Olivier de Serres et Central Saint Martins, a volontairement choisi de montrer les veines et défauts apparents dans les peaux et de jouer de la patine naturelle que celles-ci prennent au contact du corps. Fabriqués à la main dans un atelier du nord de la France, avec leurs coutures en fil de lin et leurs détails en ébène, les sacs de Mathilde Le Gagneur sont une belle démonstration du savoir-faire français.

Sac Mathilde Le Gagneur en cuir tannage végétal et fermeture en ébène.
Sac Mathilde Le Gagneur en cuir tannage végétal et fermeture en ébène.

Rédaction Hélène Borderie

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