La Rue du Made in France, vitrine du savoir-faire français à Paris
Inaugurée cet été rue du Bourg-Tibourg dans le IVe arrondissement de la capitale, La Rue du Made in France regroupe des boutiques spécialisées dans la ...
En moins de quatre ans, Face to Face s’est convertie en la plateforme de marques de créateurs indépendants dont tout le monde parle. Derrière les rendez-vous pop-up dans le Paris trendy et une market place éditoriale, Marianna Szeib-Simon, fondatrice de la start-up, insuffle une autre vision de la consommation, hautement porteuse de sens. Décryptage.
Tout commence par une prise de conscience ou plutôt plusieurs prises de conscience. À l’approche de la trentaine, Marianna avait « envie de vivre plusieurs vies dans une journée ». Savoir ce que l’on veut c’est aussi savoir ce que l’on ne veut pas. Exit le créneau 9 heures-20 heures passé derrière un écran d’ordinateur, à concevoir des produits internationaux sans sortir du bureau. Pourtant quelques années plus tôt Marianna avait quitté la Pologne pour suivre la voie royale de l’ESCP Europe, cursus en trois ans qui la mènera tout à tour à Londres, Madrid pour finalement s’établir à Paris. Elle en sort quadrilingue avant d’œuvrer au sein des plus prestigieuses entreprises de luxe françaises au CAC40. L’aura de la capitale, « bouillonnante » truffée de personnes « inspirantes », la culture et l’esprit d’excellence qui y règnent feront le reste. Mais la fierté de travailler pour des entreprises qui produisent des articles en masse, voués à être détruits si invendus, s’atténue. Reconnaissante envers cette première vie qui lui a « ouvert beaucoup d’opportunités », la jeune femme est bientôt rattrapée par la fibre entrepreneuriale (son père est l’ex distributeur de la marque NAF NAF en Pologne, NDLR).
Le prélude d’une nouvelle vie est engagé.
Sur sa route, Marianna rencontre beaucoup de personnes qui bataillent pour créer leur marque. Des femmes en cours de reconversion, avec bien souvent dix ans d’expérience professionnelle, ressentant ce besoin de se reconnecter à elles-mêmes, qui l’appellent le week-end pour brainstormer sur leur projet. Marianna commence à conseiller ces entreprises en devenir, sur des bases fondamentales – transmission, savoir-faire, histoire – qui rencontrent toutes les mêmes problématiques. « Que faire pendant les trois premières années d’existence alors que les retailers ne leur font pas encore confiance, parce qu’ils ne savent pas si elles vont perdurer, si leurs produits vont se vendre, et que leurs quantités ne sont pas adaptées à une distribution plus massive ? Inconnues, les journalistes n’écrivent pas encore sur elles, bref c’est un moment très difficile. »
À l’écoute, Marianna flaire le potentiel de ces projets qui paradoxalement représentent des produits empreints d’une grande maturité malgré la jeunesse des marques. Dès lors, on ne parlera plus de « jeune créateur » mais de « marque indépendante de créateur. »
Le ton est donné.
Décembre 2015, rendez-vous sous la grande verrière de la Galerie Joseph rue de Turenne pour le premier pop-up de ce qui deviendra Face to Face. Le concept ? Réhumaniser l’expérience shopping, revenir à l’origine de ce qu’est la vente : le face à face, à peu de choses près que le créateur joue ici le rôle du vendeur. Sous couvert d’association à but non lucratif, Marianna engage ses avances personnelles pour réserver le lieu. « On a tout fait par nos propres moyens. Le créateur payait son stand et cela finançait la location de l’espace. C’était une opération blanche, on rentrait tout juste dans nos frais » se souvient-elle. De retour au travail le lundi suivant, elle réceptionne un flot d’e-mails. « 300 personnes sont venues sans aucune communication si ce n’est le bouche-à-oreille, les clients comme les créateurs voulaient connaître les dates du prochain pop-up donc on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire. » Plus gratifiant encore, « ils nous faisaient part de la qualité de la sélection aussi bien dans les domaines de la photographie, l’art que les bijoux ou la mode avec une vraie notion de direction artistique que l’on a conservée tout au long du projet. » Opération test réussie.
Face to Face est né.
Chaque étape s’est ajoutée comme une brique, sur consultation des créateurs, partie prenante tout au long du projet sous forme de focus groupes en échange participatif. La première : comment vendre ? D’où les pop-up organisés dans un cadre exceptionnel et différent à chaque fois. Éphémères, les événements marquent néanmoins les esprits car il s’y développe un vrai lien entre les créateurs et les clients. « Une fois que l’on a vu le visage derrière le produit, on le porte différemment, on s’attache à la marque. Ensuite on s’est rendu compte que les marques avaient besoin de création de contenu éditorial de qualité. Leur objectif principal est de toucher leur cible de clients mais il faut de gros moyens pour être visible, une vraie stratégie digitale et un créateur qui maîtrise déjà le développement de ses produits n’est pas forcément toujours habile pour le reste. » Online, Face to Face prend d’abord la forme d’un site éditorial avant de devenir une market place, que l’on appelle Story Shop. Marianna rencontre tous les créateurs, les évalue sur plusieurs critères. À ses yeux l’humain prime « je soutiens des personnes engagées, qui ont une histoire, et n’hésitent pas à prendre des risques. Souvent leurs projets ne leur permettent pas d’en vivre tout de suite mais leur procurent ce sentiment d’être vivants. »
Face to Face est au créateur un accélérateur de succès, au consommateur une sorte d’éclaireur.
« We rise by lifting others », ces quelques mots cités de Robert Green Ingersoll en disent long sur l’ouverture d’esprit de la fondatrice. « C’est vrai qu’en partageant le savoir-faire on a tout à gagner. Les lieux comme Face to Face sont conçus pour favoriser les échanges. De créateurs à consommateurs, de créateurs à créateurs, de consommateurs à consommateurs, on a tous des choses à faire ensemble. » À l’instar de la récente installation d’un pop-up corner de Face to Face Chez Simone, lieu de vie pensé pour les femmes, autour du sport, d’un café, d’un espace de co-working, dont les profils de clientes se répondent parfaitement.
Bien sûr l’univers est pointu, hors des sentiers battus, mais en rupture avec la lecture de la mode sur papier glacé. Il s’agit de mettre le client et le créateur sur un pied d’égalité dans un espace où l’on se sent à l’aise, où l’on vit un moment convivial. « Le créateur n’est plus une diva, c’est quelqu’un qui, comme nous, commet parfois des erreurs, et a aussi envie d’avoir un retour du client. »
Ensemble, c’est tout.
Intégrer Face to Face c’est d’abord rejoindre le Talents’ Club de membres créateurs indépendants, leur permettant de participer aux événements, aux ateliers et aux ventes en ligne. « D’un site éditorial à l’origine, on est passé à une market place et nous allons bientôt proposer une fonctionnalité de conversation directe entre créateurs et consommateurs, soucieux de leur offrir une expérience toujours plus personnalisée. » D’un point de vue physique, un show-room BtoC est dans les cartons avec la promesse d’y rencontrer des créateurs d’exception, essayer des pièces uniques, prendre un rendez-vous coaching, être accueilli comme un hôte de marque tout au long de l’année dans une atmosphère conviviale.
Un nouveau chapitre est ouvert.
Multidisciplinaire, Face to Face croise les savoir-faire. On y trouve les robes en soie d’Escrin, les combinaisons de Septem, la lingerie d’Esquisse, les chemises de Kilomètre, les illustrations d’Atelier le Van, les sandales à nouer de Maison Ruban, les soins et senteurs brésiliens de Suave, la maille de Stella Pardo, les bijoux de Paola Krauze, les céramiques brodés d’Olivia Pellerin x Julia Gruber, les minaudières en marqueterie de Sy&Vie…et bientôt une sélection de mode enfant éthique, thème d’un nouveau pop-up fin septembre. « La femme qui mange déjà bio se pose aussi des questions fondamentales sur elle, sa santé, la planète…il s’agit de consommation consciente plutôt que de mode consciente. L’événement abordera aussi les difficultés des mamans car je sais à quel point c’est important de soutenir cette période, de parler de sujets qui ne sont pas toujours confortables mais qui nous touchent et ont beaucoup d’impact sur nos vies. »
Authentique, profonde, communautaire, la plateforme héberge plus de 200 marques, dont 120 sur la market place. « Aujourd’hui je reçois 200 e-mails par jour de créateurs qui souhaitent nous rejoindre et nous avons 4K abonnés sur Instagram. Cela prend du temps pour rester fidèle à ses valeurs, on pourrait aller plus vite. Mais à un moment on perd sa crédibilité et tout le projet a été construit autour de valeurs. Si l’on perd ses valeurs, le projet ne vaut plus rien. Et moi ce sont mes valeurs. »
Rédaction Juliette Sebille
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