Décryptage défilés homme :
accessoires printemps-été 2020

Défilé Hermès printemps-été 2020.
Défilé Hermès printemps-été 2020.

Un classique pour des fantaisies

Cette saison, les créateurs rendent encore un bel hommage au cuir auquel ils recourent fréquemment pour réaliser chaussures et accessoires. Toutefois, par réalisme, ils se limitent à des cuirs classiques, grainés ou lisses, pour contrebalancer leur créativité formelle. Bilan d’un millésime riche et équilibré.

Les défilés masculins pour le printemps-été 2020 démontrent une grande fidélité des créateurs au cuir pour accessoiriser leurs silhouettes vestimentaires. Le recul de la sneaker, déjà constaté pour l’automne-hiver prochain, est la preuve d’un certain attachement des designers au cuir. À moins que celle-ci soit à présent tellement inscrite dans les habitudes des consommateurs qu’il n’est plus nécessaire de la promouvoir sur les podiums. En tout cas, les stylistes n’ont pas manqué d’idées pour aboutir leurs propositions saisonnières jusqu’aux pieds de leurs mannequins. Quitte à sortir quelque peu du sujet, ou plutôt de la saison. Comme DSquared, Prada, Jil Sander, Dior, Louis Vuitton, Ami ou Études qui ont opté pour les rangers afin d’accompagner leurs propositions vestimentaires.

À pesanteur 

Les bottes ont aussi foulé les catwalks chez Dries Van Noten, Raf Simons – en contraste avec de petits shorts courts – et Rick Owens – montées sur d’épaisses semelles compensées. Et chez Ann Demeulemeester, ce sont carrément des cuissardes qui couvraient les jambes des mannequins.   Étranges suggestions alors que l’évolution du climat estival, avec ses pointes caniculaires de plus en plus fréquentes, incite à l’allégement et la dénudation. De nombreuses griffes ont plus raisonnablement misé sur des classiques pour s’assortir à leurs ensembles citadins. En les revisitant avec des formes particulières, comme des bouts pointus chez Dolce&Gabbana, ou carrés chez Berluti et Paul Smith, ou du cuir patiné chez Ermenegildo Zegna, pour des derbies lacées et des semelles ou des détails singuliers pour des mocassins chez Fendi, JW Anderson et Acne. Heureusement, les sandales étaient couramment assorties aux tenues plus ou moins découvertes. Et si certaines maisons jouaient franchement l’été, avec des couleurs ou des découpes, comme Fendi, Dolce&Gabbana, Jacquemus ou Dries Van Noten, d’autres privilégiaient des formes plus couvertes, comme Hermès ou Jil Sander. Enfin, passé ces considérations climato-pratiques, quelques innovations formelles confirmaient plus ou moins clairement la porosité des genres à l’œuvre dans la mode actuelle. Comme ces souliers à brides chez Fendi, évoquant des babies pour femmes, ces spartiates ou ces modèles arrondis en cuir souple chez Lanvin et Dries Van Noten, rappelant les ballerines, ou ces chaussons épurés chez Jil Sander.

Des sacs partout

Cette saison, les sacs sont littéralement partout. Dans tous les défilés, on les retrouve à la main, en bandoulière, sur le buste, à la taille. Mais, l’homme n’aime pas autant le changement que la femme, du moins pas de façon aussi radicale. Surtout pour des accessoires qu’il aime conserver plusieurs saisons. On retrouve donc, dans plusieurs collections, des tendances initiées les saisons précédentes. Comme les pochettes ou porte-clés portées en pendentifs chez Acne, Valentino, Lemaire, Lanvin ou Jacquemus. De même, les petits contenants portés en travers du buste reviennent chez Ami, Études, Valentino, Woo Young Mi, Ermenegildo Zegna, Dolce&Gabbana et d’autres encore. Mais, si l’été dernier, dans la mouvance du streetwear, ceux-ci revêtaient des formes plutôt sport et fonctionnelles, cette saison, ils se sophistiquent quelque peu et prennent l’aspect de véritables petits sacs, attachés à de fines bandoulières. De plus, d’honorables maisons de luxe, telles que Berluti, Dior et Hermès, s’encanaillent et reprennent les bananes portées en biais des jeunes de banlieues. Les classiques ne manquent pas à l’appel, bien sûr ; mais ils sont souvent revisités. Ainsi du cartable dont Acne décale la poignée ou que Berluti miniaturise ; du sac 24 heures que Louis Vuitton triangule ; de l’attaché-case que Dunhill augmente d’une poche faciale ; du porte-monnaie que Givenchy fusionne avec un bracelet. Comme les vêtements, les sacs tendent aussi à prendre le large. Chez Loewe, ils frôlent le sol lorsqu’ils sont tenus à la main. Chez Jil Sander, ils plissent par trop d’ampleur. Chez Tod’s, même les sacs en croco dépassent la taille utile.

Artisanat et création

La créativité, dont les stylistes font généralement preuve pour les vêtements, gagne de plus en plus le rayon des sacs. Et de nouvelles formes, inattendues, s’harmonisent à l’originalité des tenues. Comme le sac Saddle de Dior, que le directeur artistique Kim Jones masculinise. Jonathan William Anderson, pour sa griffe, hybride un sac à une casquette dont il tire ainsi parti du volume et mixe une figurine d’éléphant avec une pochette. Chez Louis Vuitton, Dior et Lanvin, de curieuses petites boîtes pendent aux mains des mannequins. Et certaines maisons s’inspirent de techniques artisanales pour rafraîchir leur offre. Ainsi, Fendi évoque le cannage par un modèle ajouré. Chez Loewe, Jonathan Anderson aligne horizontalement de fines lanières de cuir pour faire une sorte de panier aéré ou assemble des carrés de cuir avec des coutures apparentes à la façon des couvertures en crochet de nos grands-mères. Hermès incruste des morceaux de différentes couleurs dans un tote bag. Kenzo et Jil Sander découpent ou tressent le cuir pour faire des filets plus ou moins ajourés. Comme l’hiver dernier, la ceinture reprend de l’importance dans la silhouette, même si le port de la chemise reste encore majoritairement hors du pantalon. Mais à chaque fois qu’elle le peut, elle s’affiche dans différentes largeurs, exhibant par la même occasion le logo de la marque sur sa boucle. Elle sait se rendre plus utile encore, en s’adjoignant à des pochettes de diverses formes et dimensions : carrées et plates chez Ami, allongées chez Études, rectangulaires chez Juun J, bombées chez GmbH et verticales chez Neil Barrett. Une créativité donc non dénuée de fonctionnalité, pragmatisme masculin oblige.

Rédaction François Gaillard
Photos © Alain Gil-Gonzalez

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