La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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C’est sur l’axe Paris-Rouen, dans un bassin de maroquinerie en pleine émulation que Christine et Jean-Louis Schockert ont repris une fabrique de ceintures prisée des grandes maisons. Sans fard ni prétention, le couple a décuplé le potentiel de Cuir du Vaudreuil, et s’apprête à décliner ses services sur le segment de la petite maroquinerie.
Nichée au cœur d’une vallée, dans le paisible village d’Heudreville-sur-Eure, l’entreprise Cuir du Vaudreuil (CDV) « vit au rythme des collections, des shows et défilés », s’amuse le gérant. Quand il reprend la manufacture avec sa femme en 2012, la production est centrée sur la ceinture et autres accessoires qui finissent les silhouettes de prêt-à-porter des grands du luxe et de la couture. Des bracelets en cuir du nouvel espoir de la bijouterie fantaisie aux harnais sexy d’une jeune DNVB de lingerie, le duo s’est ouvert à des marchés connexes sans pour autant ménager son premier métier. Chaque jour ce sont des centaines d’articles plus ou moins sophistiqués qui sont confrontés au regard aiguisé du contrôle qualité. Parfois de vrais bijoux comme ces chaînes serties de perles fournies par un parurier, qu’il a fallu agrémenter de lanières.
En huit années d’exercice, la société a consolidé les clients historiques, gagné de nouveaux, perdu d’autres suite à des remaniements de direction artistique. Grandir avec ses clients (NDLR – passer des commandes de 300 à 1500 unités) impose une organisation millimétrée et une grande fiabilité. Au royaume du luxe, l’exigence est reine, l’engagement est total. Jean-Louis Schockert fait l’analogie entre leur activité, positionnée en fin de parcours de la conception d’une collection, et celle d’un marathonien. « Nous sommes capables de produire à haute dose, par milliers voire plusieurs dizaines de milliers et de répondre à des développements ponctuels qui viennent télescoper la production. » C’est cette souplesse qui a fait le succès de l’entreprise, ajoute la gérante. Sur le grand plateau en open space que se partagent les équipes, tous les pôles sont animés en binômes de manière à répondre toujours présent.
Faire appel à CDV c’est choisir l’efficacité (en toute humilité). Grâce aux deux tables de coupe commandées par des logiciels de CAO, Christine Schockert et sa collaboratrice peuvent simultanément sortir leurs développements. Charge à elles de dessiner la forme attendue par le client et de l’exporter sur la machine qui s’exécutera sans autre intervention. Ainsi un développement qui arrive le matin, est réalisé dans la journée, expédié le soir et déposé sur le bureau du client le lendemain matin. La même volonté d’optimisation règne dans le pôle préparation où deux salariés manient la refente, le bombage, l’embossage et la gravure. Colliers de chien, bijoux de tête, et ceintures en tous genres requièrent encore un travail de table très artisanal. Les équipes conjuguent dextérité et polyvalence, elles peuvent être amenées à réaliser des piqûres comme des boucles. Un programme que Christine Schockert répartit en fonction des appétences et aptitudes de chacun des membres, qu’elle surnomme parfois d’un nom de marque en clin d’œil à leurs spécialités.
Installée près d’une grande fenêtre, une couturière enveloppe sa production du jour dans un papier kraft afin de la protéger des rayons gamma, plus redoutables encore que ceux du soleil tandis qu’un jeune homme décline les coloris d’un développement de luxueuses barrettes. Au fond, un autre binôme se charge des teintures de tranche dans une machine avant d’être rigoureusement finies à la main et marquées à chaud des incontournables mentions. Au global c’est une petite trentaine de personnes d’horizons divers qui s’affairent. Bac + 5 en reconversion, diplômés en CAP Maroquinerie au Lycée de Brionne ou ex ouvriers Hermès du site Val de Reuil, apprentis Compagnons…le brassage de trois générations de salariés illustre bien l’engouement envers des métiers concrets favorisant l’épanouissement personnel. La main d’œuvre qualifiée ne manque pas dans la région et va croître encore l’an prochain puisque le célèbre sellier va inaugurer un deuxième site de production à Louviers. De quoi entretenir la dynamique.
De profils complémentaires, – il était cadre commercial et elle était décoratrice d’intérieur -, Jean-Louis et Christine Schockert poursuivent sur leur bonne lancée. Avec 700 000 euros investis en huit années d’exercice, ils ont multiplié le chiffre d’affaires par trois et franchi le seuil des 2 millions d’euros annuels. Bientôt, un nouveau pôle petite maroquinerie verra le jour au sein de l’entreprise et pourquoi pas plus si affinités !
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Rédaction & photos Juliette Sebille
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