Bloop : bas-reliefs sur cuir

Formée aux Arts Décoratifs à la Haute École d’Art et de Design de Genève, ainsi qu’en fashion design, Julie Simon met la mode et le design en perspective, à travers la création de pièces uniques de prêt-à-porter et d’objets pour la maison. Matières grises à la création de sculptures en bas-reliefs, cuir et coton arborent des personnages et animaux aux lignes épures, modernes et architecturées, revisitant les contes d’hiver. Telle une bulle d’air qui remonte à la surface – Bloop – première collection de Julie Simon sous sa marque, découverte au salon Who’s Next, est en pleine ébullition créative.

Habiller la matière

Après un parcours académique fusionnant mode, art et design, Julie collabore avec la marque brésilienne Melissa, pour laquelle elle imagine un moule de chaussures intégrant un travail de volume et de surface. Le modèle fait l’objet d’une présentation à la fashion week de Rio de Janeiro. « Dans la continuité de mon parcours, j’avais envie de créer des pièces de collection et c’est ainsi que j’ai commencé à développer des vêtements-objets. Aujourd’hui, je travaille le textile et le cuir comme on gaufre le papier ou fait des moulages avec du plastique ou du plâtre pour donner du relief. J’ai beaucoup de respect pour le cuir comme les autres matières nobles et organiques sur lesquelles j’expérimente les techniques de modelage. »

Un cuir, trois dimensions

Deux ans de recherches autour de ces matières ont été nécessaires avant de pouvoir proposer ce savoir-faire exclusif. « Il ne s’agit pas d’embossage ni de transfert à proprement parler. L’embossage s’apparente plus à la 2D mais à force de mises au point je suis arrivée à une qualité de relief plus proche de la 3D. » En résulte une série de motifs contrastés de concavités et convexités créant l’illusion de tableaux, le tout fait main à l’aide d’outils spécialement adaptés.
Il y a un an, lorsqu’elle créé sa société – « Bloop signifiant la bulle d’air du poisson qui remonte à la surface de l’eau avec en filigrane, l’idée d’une ébullition pleine de magie et de surprise, mystérieuse aussi -, la designer invente alors l’action de « blooper », sans révéler ses sources sur l’effet obtenu. Clin d’œil au néologisme du moteur de recherche, traduisez : depuis son atelier à Genève, Julie « bloope » les matières de figurines 3D, qui seront ensuite assemblées par des fabricants de diverses régions.

Sur-mesure et collaborations créatives

Sacs et coussins, sont façonnés en Tunisie à partir des peausseries de taurillon nubuck pleine fleur à la blancheur immaculée issues d’une tannerie française tandis que la confection des sweats et vestes en coton et polyuréthane sera probablement confiée à une entreprise portugaise. Baptisée White Ceramic, l’appellation de la collection répond au concept de série et de pièce unique dans différentes tonalités de blancs. « Ce que les acheteurs apprécient avec ces pièces c’est qu’elles sont vraiment uniques, et impactantes, comme des œuvres d’art. » Julie Simon cible un réseau de revendeurs sélectifs pour distribuer ses séries limitées, au prix boutique conseillé de 360 euros pour le petit modèle de sac et de 450 euros pour le grand. Les coussins en cuir présentés en simultané au salon Maison&Objet ont suscité un vif intérêt de la part des retailers comme des architectes d’intérieur pour des projets de décoration d’hôtels perchés sur les pentes de luxueuses stations de skis.
Ouverte à l’exploration de nouvelles pistes et défis autour de la matière, Julie Simon n’exclut pas de dessiner des motifs sur demande, et de nouvelles collaborations sont en pourparlers.

Rédaction Juliette Sebille