La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Tout commence il y a 45 ans pour l’atelier qui proposait à l’origine de la maroquinerie en marque propre vendue en Espagne, en France, au Portugal et en Italie. Subissant de plein fouet les effets de la globalisation, ses produits positionnés milieu de gamme ne trouvent plus leur marché auprès des détaillants multimarques. « Les gens se sont mis soit à acheter des articles chinois soit des grandes marques », se souvient Juan Maria Menacho Perez, son dirigeant actuel. L’entreprise cherche alors de nouveaux débouchés pour pérenniser son savoir-faire, notamment à l’export, et s’expose sur les salons français. Reconnu pour la qualité de son travail, le bouche-à-oreille impacte rapidement son carnet de commandes, et de fil en aiguille l’atelier se spécialise comme sous-traitant en marque blanche.
L’entreprise compte aujourd’hui une soixante de salariés et un portefeuille florissant de marques de prêt-à-porter. Cette spécificité oblige l’atelier à jongler avec des lignes de production qui fluctuent selon le succès des défilés.
« On ne travaille pas pour le monde de l’accessoire, le prêt-à-porter, c’est plus volatil : parfois il y a des clients qui explosent d’un coup et la saison d’après, fonctionnent moins bien ». Difficile alors de prévoir un ordre de volume de production, qui peut s’échelonner de 2000 à 6000 sacs par mois. Positionnée sur le segment des marques de mode, l’entreprise ne manufacture que très peu de produits reconduits, environ 10%. « Nous passons beaucoup de temps au développement de modèles dont le cycle de production n’excède pas 6 mois. Nous pouvons faire 1000 comme 50 sacs d’un seul et même article ». Une course contre la montre qu’il faut défier en permanence pour livrer dans les délais. « Il y a beaucoup d’opérations par référence, il faut adapter les fils, nettoyer les machines et cela demande du temps… »
Si la quasi-totalité des habitants ont un travail dans cette région porteuse, trouver du personnel qualifié « qui comprend le sac, le modélisme et sait tout faire, » au pied levé n’est pas chose aisée, même à Ubrique. « La qualité est extraordinaire ici, la situation actuelle est favorable mais il faut que cela se maintienne car les prix montent. Le prix inclut la qualité, la sécurité, la date de livraison, la réduction des risques : cette fiabilité c’est notre valeur ajoutée. » Soucieuses de pouvoir répondre à la demande grandissante, avec le même niveau d’exigence et de qualité, un dizaine d’entreprises dont Avana Piel, se sont organisées pour y fonder leur propre école, en collaboration avec le soutien de la municipalité. « La maroquinerie c’est dur, c’est beaucoup d’heures et tu auras beau étudier, si tu n’as pas la main, le savoir-faire, ce n’est pas inné. » Depuis cinq ans, l’école forme les artisans à la piqûre, la table, la coupe, la teinture…qui pourront ainsi œuvrer au sein des différents ateliers.
Bien que le business soit de plus en plus complexe, avec un calendrier des collections de plus en plus rapprochées, un nombre croissant de lignes de production à gérer en simultané, l’entreprise est naturellement appelée à innover. « La mode change continuellement, les modèles sont de plus en plus techniques à monter et l’on doit s’adapter à des nouveautés que l’on ne fait jamais. » Ravi de servir une clientèle de marques de prêt-à-porter qu’il a vu évoluer et sont à l’origine de la singularité de son atelier, le visage de l’entrepreneur s’éclaire et nuance les difficultés du métier : « Nous confectionnons des produits très frais, différents, avons une équipe dédiée au patronage, des stylistes… nous investissons des nouvelles machines (comme celle de la découpe automatisée par exemple) et c’est mieux ainsi, cela nous permet d’innover. C’est pour cela que l’on vient vers nous. »
Rédaction Juliette Sebille
Photos © Corinne Jamet
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