La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Relieur à sa création, Atelier Martial a ajouté de nouvelles techniques de décoration du cuir à sa palette pour se mettre à la page et satisfaire sa clientèle de luxe. En véritable artisan, il réalise les projets de bout en bout.
Dorer, marquer, gaufrer, gainer… Ces mises en œuvre du cuir ne sont certes plus aussi courantes qu’autrefois. Mais dans le luxe, elles restent présentes et sont même un signe de distinction. Fondé en 1973, Atelier Martial est devenu incontournable pour répondre à cette demande aussi élitique que marginale. Et beaucoup de grandes maisons connaissent cette adresse parisienne où elles peuvent faire exaucer leurs rêves les plus fous. Pourtant, à ses débuts, l’entreprise créée par Philippe Martial ne frayait pas avec le luxe, tout occupée qu’elle était à graver en lettres d’or, à la main puis à la machine, les titres d’ouvrages d’éditeurs haut de gamme. Petit à petit, elle s’est mise à la coffreterie et son corollaire naturel, la gainerie. Mais c’est l’arrivée en 2003 de Julien Martial, fils du fondateur, qui l’a réellement inscrite dans l’artisanat de luxe qu’elle produit aujourd’hui. « La reliure s’est tarie pour diverses raisons, en particulier la fusion et l’intégration des techniques au sein des ateliers. Il y a encore quinze ans, nous réalisions cent cinquante livres par jour. Aujourd’hui, c’est tout au plus trois cents qui passent entre nos mains chaque année, explique ce relieur formé au lycée Tolbiac. Peu après mon arrivée dans la société, j’ai développé le prototypage pour les produits de luxe tels que des coffrets à parfums, des écrins pour montres, des minaudières, des malles. »
Encore fréquemment sous-traitant il y a dix ans, Atelier Martial travaille souvent en direct avec des griffes de mode, des joailliers, des horlogers ou des parfumeurs, voire des agences de communication intégrant l’objet à leurs prestations. « Nous travaillons aussi pour des antiquaires, des collectionneurs et de plus en plus avec des artistes », ajoute le jeune entrepreneur. Sollicité pour des événements exceptionnels, des opérations ponctuelles ou des séries limitées, l’atelier traite avec une clientèle de moins en moins fidèle. En effet, il doit faire face à la portée des pays d’Europe de l’Est et de la Chine qui pratiquent des prix défiant toute concurrence. Toutefois, grâce à sa proximité, sa réactivité, sa flexibilité et sa fiabilité, Atelier Martial fait preuve d’excellence lorsqu’il s’agit de saisir le cœur du projet. Il en rectifie l’évolution à tout instant et livre des produits irréprochables, parfaitement conformes à la demande. « Nous ne proposons pas de cahier de création et restons concentrés sur notre métier d’artisan, précise Julien Martial. Nous réalisons les produits à la main, à partir d’un croquis en deux dimensions, enrichi de multiples explications verbales. Nous n’avons pas pris le tournant du numérique que nous trouvons trop formaté, moins souple. Néanmoins, nous ne refusons pas de l’utiliser quand c’est nécessaire, par l’intermédiaire d’un prestataire, comme pour les outils de gravure que notre fournisseur usine à partir d’un fichier informatique. »
Au-delà de la reliure, historique mais qualifiée d’anecdotique par notre interlocuteur, Atelier Martial maîtrise quatre savoir-faire. Tout d’abord, la dorure à la main consiste à recouvrir d’or un support, comme le cuir. Ce dernier est préparé en amont avec un apprêt qui favorise l’adhésion de la matière. La feuille d’or est ensuite positionnée et « poussée dans le cuir » avec un fer chauffé portant le motif, comme un nom ou un fleuron à inscrire, ou avec une roulette pour tracer un filet ou une frise décorative dorée. « Pour former un doreur, il faut une dizaine d’années », déclare le chef d’entreprise. Le marquage à chaud vise à embosser côté fleur un support en cuir – ou tout autre matériau – d’un motif gravé sur une plaque en laiton. Celle-ci est insérée sur la platine chauffée d’une presse à bras et « rentre » dans le cuir d’un coup de manette. « La qualité d’un marquage à chaud résulte de la recherche minutieuse d’un compromis entre la température, la pression et le temps de pose. On peut intercaler une feuille d’or ou un film doré – moins cher – pour dorer le motif », indique Julien Martial. Le gaufrage repose sur le même principe, en inversant le cuir et la plaque pour attaquer le cuir côté chair et obtenir un motif en relief. La gainerie consiste à habiller un objet en bois, carton ou matière plastique avec du papier, de la toile, un faux ou vrai cuir. Après avoir fabriqué les gabarits qui serviront à couper les morceaux de cuir, ceux-ci sont dérayés, parés et parfois humidifiés puis enduits sur l’envers avec une encolleuse manuelle. Il ne reste plus alors qu’à poser les pièces sur le support, non sans avoir réfléchi au préalable aux raccords et superpositions de matières. Ces techniques peuvent être mises en œuvre séparément ou additionnées pour des effets plus sophistiqués.
Même s’il utilise différentes matières, Julien Martial ne cache pas son affection particulière pour le cuir, « plus noble, plus présent et plus qualitatif ». Le type d’article est généralement prescrit par son client, mais il se déplace personnellement chez le fournisseur pour choisir chaque peau. « Nous ne travaillons pas en direct avec les tanneries car nos commandes n’atteignent pas leur minimum de quantité, mais avec des revendeurs comme Relma Guyard & Chesneau, Sofic, Poulain Peausserie ou Cuirs Chadefaux, confie ce passionné. Nous exploitons beaucoup de cuir de chèvre de type Breteuil, de la vachette de tannage chrome, du collet de vache de tannage végétal, du veau naturel, un peu de crocodile et d’autruche et de la chèvre velours pour les intérieurs de coffrets. » Souvent, l’atelier achète le cuir non teint et le colore lui-même au tampon ou au pistolet. Certains articles présentent un grain mécanique mais la plupart des cuirs sélectionnés sont naturels, avec un minimum de couverture : « le marquage à chaud est plus difficile sur un cuir pigmenté et moins net sur un cuir trop grainé comme le buffle, déclare notre expert. C’est sur le cuir de tannage végétal qu’il est le plus beau et le plus durable, tout comme le gaufrage. »
Atelier Martial est réputé pour ses réalisations particulièrement prestigieuses. Parmi elles, la salle Muchat du Musée Carnavalet où il a restauré tous les cuirs marqués, gaufrés ou dorés ; les fiches explicatives en relief du Musée du quai Branly ; la malle de l’horloge Atmos du millénaire créée par Jaeger Lecoultre en 2000 ; le coffret de la réédition du parfum Djedi de Guerlain en série limitée ; une vitrine tout en cuir pour Cartier au Printemps ; des minaudières en crocodile pour une collection haute couture de Chanel ; une résille en pastilles de cuir pour Paco Rabanne ; une pochette de ceinture pour Stéphane Rolland… Pour ne citer que quelques références d’un palmarès aussi brillant qu’éclectique.
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.
Rédaction François Gaillard
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Dans sa boutique-atelier installée dans les Cévennes, Jimmy Grandadam, professionnel de l’écologie reconverti, répare les chaussures et fabrique et ...
Depuis plus de soixante ans, Chaussures de Gatine chausse les professionnels du monde agricole. Mais pas que. Reprise en 2021, l’entreprise se modernise tout ...