Les cuirs peints de la Renaissance : entre art et artisanat
Il nous vêtit, nous chausse, gaine meubles et objets depuis des millénaires…mais qui se souvient des cuirs peints qui habillaient de décors raffinés les ...
Synonyme de luxe et d’élégance embourgeoisée, ou bien turbulent compagnon de route des punks et autres bad-boys, le cuir est cette matière qui fait se télescoper et confronter les symboliques les plus opposées. Entre insolence ou classicisme, côté prêt-à-porter et accessoires, c’est la matière qui – encore – illustrera, cet automne-hiver 2025-26, ces archétypes, ces figures de style sur lesquels inlassablement, la mode aime se pencher, à commencer par Carla Bruni Sarkozy, devenue un temps cette vestale des temps modernes pour le happening de la marque Tod’s en ouverture de son défilé milanais, avec cette robe de cuir complétement hors-normes.
Mauvais genre et provoc’attitude, black is black… Total look ébène et long manteau à la (fausse) sévérité revendiquée pour les garçons des collections Gucci ou Balmain, décalé dans les silhouettes street et déglingues d’Ann Demeulemeester ou le prefall Balenciaga, malmené et lacéré chez Rick Owens, néo « Matrix » pour 032C ou Dolce & Gabbana, blouson de bad-boy chez Miu Miu, costume et imperméable cuir d’aventurier citadin chez Burberry ou Coach… Réminiscence aussi de fantasmes « Mapplethorpien » avec ce cuir qui gaine, ce cuir clouté ou matelassé et qui inévitablement « érotise » les silhouettes de ces filles et de ces garçons de Dsquared2, Marine Serre ou Balenciaga. Jeux de rivets, laçage façon corseterie, autant de gimmicks devenus la signature mode de Ludovic de Saint Sernin travaillés sur des cuirs vernis, python, aspect latex, que l’on retrouve aussi chez Hodakova. Chez Dior, Maria Grazia Chiuri cite ses prédécesseurs, Galliano, Bohan, Saint Laurent… avec ces filles qui oscillent entre romantisme du passé et destroy-couture, à la manière de ce bermuda de motard… porté avec des gants longs.
On la croyait définitivement ringardisée, elle est toujours là, inamovible. Elle arbore au creux du coude de petits sacs de dames ou porte sa pochette du bout des doigts comme dans la pré-collection Valentino. Signes extérieurs de richesse, les cuirs exotiques – vrai ou faux – sont omniprésents dans les collections, manteau vernis et large ceinture grain croco, très « Belle de Jour » chez Patou par Guillaume Henry, manteau python et fourrures chez Valentino ou Rabanne, combo jupe et bottes en nappe d’anguilles chez Fendi, mini saddle-bag tout croco chez Dior homme pour la dernière collection signée Kim Jones… C’est aussi le retour de la jupe en cuir aperçue dans des peausseries ultra souples, chez Bally, Altuzarra, MSGM, Brandon Maxwell ou encore Amiri. Toujours cette envie de souplesse et de ce cuir en mouvement, avec ces propositions de trenchs ceinturés, assurément une des pièces incontournables de la saison, sur les podiums de Nina Ricci, Versace, Fendi, Ferragamo, Gabriela Hearst, Chloé ou, version python vernis, pour la première de Tom Ford par Haider Ackermann. Faux classique, avec cette veste « néo-new-look » en croco chez Elisabetta Franchi, ou façon « tailleur décalé », chez Prada, avec ce combo jupe et veste coupées dans un grain buffle. Les sacs aussi s’embourgeoisent, rigides et structurés, formats mesurés ; ils ponctuent les silhouettes d’Hermès (avec ce retour du vanity case) ou de Victoria Beckham.
Petit blouson bien comme il faut, juste ce qu’il faut d’étriqué, chez Tod’s, Berluti, Philipp Plein, Dior, Saint Laurent, Louis Vuitton, Hodakova ou Ernest W. Baker, et ce pantalon skinny pour les minets du drugstore qui auraient croisé les égéries « slimanesques » du début des années 2000 avec cette vision très littérale chez Amiri. Blousons ceinturés et looks néo sixties aussi chez Hermès ou Dunhill. Et, pour parfaire ces allures, l’inattendu retour de la cravate en cuir chez Jil Sander ou Dsquared2.
Démarche conquérante, taillé marquée, jupe étroite… Sensuelle et résolument assurée chez Ferragamo avec ces propositions de jupes en cuir ou manteaux longs, même attitude pour Hermès avec une omniprésence de total look cuir, et variations autour du noir et de l’anthracite, pour ces écuyères des temps modernes. Allure néo-couture et graphique, pour les débuts – réussis – de Sarah Burton chez Givenchy, avec des propositions de silhouettes à la taille corsetée, ou des tailleurs jupe et chemisier en cuir façon seconde peau. En attendant l’arrivée de Matthieu Blazy, transfuge de Bottega Veneta, Chanel a présenté une collection créée par le studio : les codes et incontournables sont bien là, de l’humour aussi, avec ces jeux de proportions autour des sacs iconiques revus version XXL ou miniaturisés, façon bijoux. Les combinaisons, tailleurs-pantalons cuir s’ornent de volants ou de nœuds. Carrures eighties pour ces aventurières des villes, caparaçonnées de cuir dans des tailleurs par Nicolas Ghesquière chez Louis Vuitton, elles arpenteront, cet hiver, steppes ou macadam d’un pas décidé… Anthony Vaccarello chez Saint Laurent continue sa relecture de la grammaire et des codes de monsieur Saint Laurent, tant dans ses audaces coloristiques que ses volumes, avec ces épaules très marquées, emblématiques des collections couture ou collection rive gauche de la maison dans les années 70 et 80, et proposés ici dans des versions tout cuir, à la taille ceinturée, autre « statement » mode de la saison. « Carrures-carrées-cuir » vues également pour les vestes Margiela, qui a défilé cette saison à Milan.
Complication architecturale et silhouettes aux géométries élaborées, le cuir se fait la matière de prédilection de ces approches qui sont autant des propositions mode, qu’une réflexion prospective sur la construction d’un vêtement à l’image du travail de Nicola Di Felice chez Courrèges avec ses vestes « déconstruites-reconstruites », accompagnées de maroquinerie au design minimaliste. Sur un mode épure, l’homme Dior ou Bally se distingue par des jeux de volumes anguleux et déconstructions de ces silhouettes cuir pour l’homme Issey Miyake. Plus extrême encore, les expérimentations et hybridations autour du perfecto, façon variation sur un même thème chez Junya Watanabe. Travail sur les volumes des poches, matelassages graphiques… et de vraies propositions de volumes pour un Balmain toujours aussi glamour, mais devenu aussi plus cérébral. Les cuissardes, cette saison sont aussi cet objet d’études et d’exagérations, travail sur le volume, le plissé, propositions de nouvelles proportions, elles sont l’élément structurant des silhouettes Balmain ou Loewe.
Si cette saison continue de se réinstaller dans les vestiaires des garçons – après des saisons de prédominance du streetwear – le formel et le costume, les basiques « effortless » sont toujours bien présents avec des propositions de shorts de boxeur réalisés dans des peausseries ultra souples chez Lacoste, pantalons de cuir taillés comme des joggings encore chez Lacoste ou Hold Nyc et son défilé new-yorkais, ambiance « cool au vestiaire », blouson de cuir comme des vestes de survêt’ chez Concept Korea. Cuir façon trompe-l’œil, avec toute une série d’aussi « instagrammables » que désirables blousons ou sacs en croco… mais façon denim pour l’homme Louis Vuitton. La petite robe noire, version cuir, sera un autre des incontournables de la saison : on la retrouvera réinterprétée, revisitée, version cuir embossé motif floral pour Léonard, vinyl pour Fiorucci ou MSGM, cuir lisse chez Courrèges, ou encore ouvragé façon dentelle chez Dior… Autant de classiques et de modèles qui constituent la base commune d’un vestiaire mode ou d’une attitude et qui sont, saison après saison, avec la complicité de cette matière cuir qui elle aussi se réinvente, autant de prétextes à la réinterprétation et la création.
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Rédaction Florent Paudeleux
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