Rose Saneuil repousse les limites de la marqueterie
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Abak’Art est bien plus qu’une marque de maroquinerie made in Limousin. Rebecca Larapidie, sa créatrice, entend maîtriser toute sa chaîne de valeur, des peausseries provenant des bovins de l’exploitation familiale à leur transformation, jusqu’à la fabrication au sein de son atelier en Charente. Son leitmotiv : travailler un produit 100% local.
Le parcours de Rebecca Larapidie est atypique. Comptable pendant 17 ans au sein d’une entreprise de fabrication de chaussures, elle découvre alors le cuir. « J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette matière noble. Passionnée par l’artisanat et autodidacte, je me suis formée pendant plusieurs années durant mon temps libre auprès d’artisans qui m’ont transmis leur savoir-faire et les différentes techniques. » En 2018 elle franchit le pas et installe son atelier de maroquinerie à Montbron, sur l’exploitation de son époux. Le postulat de la marque Abak’Art : « valoriser les peaux de notre cheptel de vaches de race limousine. Je travaille en circuit très court : l’abattoir est situé à Thiviers, à une quarantaine de kilomètres de la ferme ; les peaux sont tannées dans le département voisin de la Haute-Vienne, à 80 kms. » Un protocole particulier a été mis en place au sein de l’abattoir et de la tannerie : le système d’identification et de traçabilité des peaux des bovins « maison » permet à la créatrice de les récupérer à l’issue du process de tannage végétal. « Les contraintes ont été nombreuses durant l’élaboration de ce projet, mais aujourd’hui je suis ravie de pouvoir valoriser à la fois le travail de mon époux et de notre fils ainsi que les peausseries de leur élevage pour une empreinte environnementale réduite », souligne la créatrice. Et pour une maîtrise totale, elle réalise ses propres teintes et patines. Un savoir-faire particulier qu’une coloriste sur cuir de la région nantaise lui a transmis. « Je crée des gammes de coloris uniques et des effets originaux de patine à partir de bases de teintures fabriquées également en Charente. »
La créatrice gère de A à Z ses collections, des peausseries au design des modèles jusqu’au montage. Si les sacs, la petite maroquinerie et les accessoires en cuir sont proposés dans des coloris classiques – noir, marine, nuances de marron -, Abak’Art se distingue par ses patines « maison », ses teintes façon marbrage, ses dégradés…. Tous les modèles se déclinent dans une vingtaine de nuances de coloris et patines élaborées par Rebecca. Les créations sont également personnalisables. La clientèle est d’ailleurs la bienvenue dans le showroom-atelier ouvert toute l’année. L’occasion de découvrir, en immersion, l’univers de la marque et l’engagement de sa fondatrice.
Disponible sur son e-shop et dans quelques concept-stores sur notre territoire, la marque s’attache désormais à étoffer son réseau de distribution. Sa première participation l’an dernier au salon dédié au made in France, MIF Expo, à Paris et à Bordeaux a conforté sa visibilité. « Je me suis donné les moyens de concrétiser mon rêve ! Aujourd’hui à 40 ans, ma passion est devenue mon métier », souligne celle dont le nom de l’atelier fait à la fois écho au travail du cuir et à un outil utilisé en maroquinerie, l’abat-carre, dont elle a modifié l’orthographe pour un clin d’œil aux métiers d’art. La boucle est bouclée !
Dans une région, la Nouvelle-Aquitaine, où la filière cuir est particulièrement dynamique, la démarche éthique de Rebecca Larapidie s’inscrit bien au-delà d’une marque locale. L’exploitation a été créée par le grand-père de son époux Cédric, perpétuée ensuite par la mère de ce dernier qui est aujourd’hui rejoint par son fils Lucas, représentant de la quatrième génération. La ferme familiale est depuis des années attentive au bien-être animal. Intrinsèquement la bientraitance animale et les conditions de vie des cheptels impactent la qualité de la viande et de la peau, et donc celle du cuir. Cédric Larapidie est particulièrement sensible, et sensibilisé, à toutes les actions pouvant contribuer à leur amélioration. « La peau est le baromètre de la bonne santé de l’animal. Notre cheptel est mis à l’abri lorsque les conditions climatiques sont défavorables. Nous avons, au fil des années, remplacé les clôtures en barbelé par des clôtures électrifiées. Notre bétail bénéficie depuis onze ans d’un suivi par un nutritionniste qui élabore des rations équilibrées uniquement à partir des cultures céréalières de la ferme. Nous fonctionnons aujourd’hui en auto-suffisance alimentaire », explique l’éleveur qui commercialise la viande de ses bovins au sein des deux boucheries gérées par son frère. La traçabilité et le circuit court toujours.
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Rédaction Laëtitia Blin
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